« Crimes de guerre » dénoncés dans le Nord du Mali

Au Mali, où la guerre civile fait rage depuis quatre ans, l’ONU a détecté de graves cas de violations des droits de l’homme. Une accusation basée sur deux rapports publiés conjointement par l’ONU et  le HCR. 

 

Deux rapports accablants

Le mardi 22 décembre, la Minusma (Mission de l’ONU au Mali) et le Haut-Commissariat des Nations Unies ont publié deux rapports qui dénoncent des violations des droits de l’homme durant deux événements qui ont secoué le Mali en mai 2014 et 2015.

Les deux rapports sont le résultat de 66 missions d’enquêtes effectuées à Kidal, Gao, Bamako et Tombouctou et durant lesquelles les équipes des Nations Unies ont recueilli les témoignages de 230 personnes, dont des victimes et des témoins.

Le premier survient le 16 et le 21 mai 2014, dans la ville de Kidal, au nord du Mali, où l’armée malienne a essayé de reprendre la possession de la ville des mains de la rébellion en passant à l’offensive.

Le second événement se déroule un an après, les 20 et 21 mai 2015 dans les régions de Gao, toujours dans le nord, où des affrontements ont eu lieu entre Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia) et la Coordinationa des mouvements de l’Azawad (CMA) pour disputer le contrôle de la localité.

Cette insécurité a causé le déplacement de plus de 100.000 maliens à travers le pays dont 57.000 venaient de la partie nord.

 

Des « crimes de guerre » ont été commis

Dans ces rapports, l’ONU met en accusation les différentes parties qui ont participé au conflit dont : le Mouvement nationale de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA). Ces groupes sont accusés de vols, de pillages, d’arrestations illégales, d’utilisation des enfants durant les affrontements et d’exécution de quelques membres du gouvernement.

Pareil pour les Forces armées maliennes (Fama), qui sont accusées d’avoir commis des « crimes de guerre » en utilisant des armes lourdes durant les affrontements à Kidal. En étant une force gouvernementale, ceci implique la responsabilité de l’Etat malien souligne le rapport.

De plus, des éléments du Gatia sont mis en cause pour avoir exécuté six personnes dans le village de Tin Hama, avoir forcé près de 230 personnes à se déplacer pour des raisons ethnique dans la région de Gao et 1.600 dans la région de Mopti.

Suite à la publication de ces rapports accablants, l’ONU et le HCR ont avancé 19 recommandations pour les parties concernées comme l’amélioration des conditions sécuritaires, des conditions de détention, la lutte contre l’impunité…

En attendant que ces recommandations soient prises en compte par les concernés, l’ONU exige l’ouverture immédiate des enquêtes afin de mesurer la responsabilité de chaque accusé.