Crise des déchets : le Liban opte pour l’exportation de ses ordures

Frappé par une crise des déchets, le Liban choisit d’exporter les ordures qui se sont accumulées dans le pays depuis plusieurs mois à cause de la fermeture de la grande décharge de Naamé. Cette solution permettra peut-être de réduire les risques sanitaires provoqués par cette situation sans précédent dans le pays.

 

Crise des déchets : contextualisation

En 1997, le gouvernement prend la décision de fermer le dépotoir de Bourj Hammoud. A la place, il ouvre une nouvelle déchetterie à Naamé qui en principe ne devait être opérationnelle que pour une dizaine d’années avec une contenance maximale de deux millions de tonnes. Or, cela fait maintenant 18 ans que la décharge est en activité. Elle a déjà accueilli près de 15 millions de tonnes d’ordures qui menacent  la santé des habitants vivant aux environs. Il n’y a quasiment pas de recyclages. Les détritus infiltrent le sol et l’eau et infectent les légumes et les plantes sans parler des gaz nocifs qui s’échappent et qui créent beaucoup de maladies respiratoires.

Devant ce phénomène, les autorités ont choisi de fermer la décharge de Naamé au mois de juillet 2015. Depuis, aucune solution réellement pertinente n’a été mise en place par le gouvernement si bien que les ordures se sont accumulées dans la ville et ses environs entraînant d’importants risques sanitaires surtout en été et durant la saison de pluie. Cela a suscité de vives manifestations chez la population qui dénonce l’échec du gouvernement dans cette situation.

 

L’exportation : une solution provisoire

Dans l’optique d’apaiser la colère des habitants, le gouvernement a tranché ce lundi 21 décembre 2015 pour le transfert des ordures hors du pays. Selon le Premier Ministre Tammam Salam, « c’est une solution temporaire et transitoire ». Il continue en disant qu’il s’agit « d’une expérience nouvelle pour le Liban ».

Expérience nouvelle certes mais ô combien coûteuse. D’après le ministre de l’agriculture Akram Chehayeb, l’opération coûtera 125 dollars par tonne d’ordures exportées et sa mise en place allait s’étendre sur 18 mois.

Notons que le traitement des déchets au Liban est l’un des plus chers au monde. Il est estimé à 150 dollars par tonnes. Dans un pays miné par la corruption, le manque de transparence sur la gestion de ces ordures suscite beaucoup de suspicions. D’ailleurs, les revendications liées à la crise des déchets ont été une occasion pour la population de dénoncer le dysfonctionnement de l’Etat et l’inefficacité des institutions politiques.