Crise des migrants : les enfants sont les premières victimes

Selon un rapport de l’UNICEF publié le 7 septembre, il y a environ 50 millions d’enfants « déracinés » dans le monde, la plupart du temps contre leur volonté. Près de la moitié des réfugiés sont des enfants. Même si les chiffres ne disent pas tout, on peut facilement imaginer leurs conditions de vie.

 

Les enfants fuient les conflits

Premières victimes des guerres qui ne sont pas les leurs, ils sont plus de 28 millions à être ou s’être déplacés. Des millions d’autres veulent une vie meilleure, plus sécuritaire. Les enfants sont déracinés car ils cherchent un refuge en dehors de leur pays de naissance. Ne représentant qu’un tiers de la population mondiale, ils sont pourtant près de la moitié des réfugiés. La majorité est originaire de la Syrie ou de l’Afghanistan et c’est la Turquie qui est le premier pays d’accueil. En 2015, le nombre de mineurs traversant seuls les frontières a triplé par rapport à 2014. « En 2015, plus de 100 000 mineurs non accompagnés ont demandé l’asile dans 78 pays, soit trois fois plus qu’en 2014 », déplore l’UNICEF dans son rapport intitulé « Déracinés : Une crise de plus en plus grave pour les enfants réfugiés et migrants ».

Ces enfants déplacés sont souvent exposés à de nombreux dangers. D’abord, la traversée présente des risques de noyade. Ensuite, il y a toutes sortes de violences et d’abus à l’intérieur comme à l’extérieur des camps. Le trafic d’êtres humains en est un exemple. Ils peuvent également être menacés par des maladies, par la malnutrition ou le manque d’eau. Enfin, les enfants subissent parfois la xénophobie et la discrimination dans les pays qu’ils traversent. « Les images indélébiles d’enfants victimes – le petit corps d’Aylan Kurdi rejeté sur le rivage après sa noyade en mer ou le visage hébété et ensanglanté d’Omran Daqneesh assis dans l’ambulance après la destruction de sa maison – ont choqué le monde entier », déclare Anthony Lake, le Directeur général de l’UNICEF. « Chaque photo, chaque garçon ou chaque fille symbolise des millions d’enfants en danger, et exige que la compassion que nous ressentons pour les victimes que nous voyons se traduise par une action destinée à tous les enfants. »

Des mesures insuffisantes

Cela fait plus d’un an que la photo d’Aylan Kurdi a bouleversé le monde, et particulièrement l’Europe. Toutefois, les actions collectives n’ont pas suivi de sitôt. Les pays membres de l’Union européenne ont chacun réagit à leur manière. L’Allemagne a par exemple ouvert ses frontières aux réfugiés et a assoupli ses règles concernant l’accueil des Syriens. En France, plusieurs villes se sont engagées à accueillir des réfugiés. Par contre, certains pays comme la Hongrie ont fermé leur frontière.

Tout reste donc à faire, les réfugiés s’entassent dans un nombre limité de pays et dans des camps aux conditions humanitaires déplorables. Les dispositifs mis en place ne suivent pas l’évolution du nombre de réfugiés. A Ivry-sur-Seine par exemple, un campement provisoire ne pourra accueillir que 350 femmes et enfants, alors que rien que dans la Jungle de Calais, les enfants sont près de 900. En effet, les ONG intervenant dans la Jungle de Calais ont vu le nombre d’enfants isolés augmenter à 861 vers la fin du mois d’août, soit une hausse de 151 %.  Il faut également plus d’efforts dans la protection de ces mineurs. Des centaines d’enfants ont en effet disparu lors de l’évacuation d’une partie du camp de Calais. Pire, environ 9 000 enfants réfugiés ont disparu en Allemagne depuis le début de l’année.

Face à l’ampleur de la situation, l’UNICEF a avancé plusieurs recommandations : « mettre fin à la détention des enfants migrants ou demandant le statut de réfugiés, ne pas séparer les familles, permettre aux enfants réfugiés et migrants d’avoir accès aux services de santé et promouvoir la lutte contre la xénophobie et la discrimination ».