France : les immigrés touchés par le déni de francité

De son arrivée en France à son installation, la vie d’un immigré relève d’une histoire d’intégration. Pour lever le voile sur ce que vivent vraiment ces personnes, une étude a été menée par l’Insee et l’INED. Celle-ci montre qu’en matière de diversité, la France a encore des efforts à faire. 

Les immigrés renvoyés à leurs origines

« Trajectoires et Origines », tel est le titre de l’étude effectuée par l’Institut national d’études démographiques et l’Insee parue ce vendredi 09 janvier 2016. Réalisée sur 22 000 personnes, l’enquête a pour objectif d’analyser l’intégration des immigrés dans l’Hexagone. Tel un véritable roman scientifique qui fait état de la création de la France d’aujourd’hui, elle montre en premier lieu à quel point les immigrés et leurs descendants revendiquent leur appartenance à la France. 93% des individus de la seconde génération interrogés ont répondu qu’ils sentent français et se sentent chez eux dans ce pays.

En dépit de ce fort sentiment d’attachement pour la France, ils restent néanmoins confronter à ce que les experts nomment le « déni de francité ». Les Asiatiques, les Maghrébins et les Africains sont les principales victimes de cette discrimination persistante. Malgré leur naturalisation, on ne les voit pas comme de vrais français. Tout le problème repose sur ce phénomène justement. A cause de cette « dissonance identitaire », les immigrés de la seconde génération peinent à réussir par rapport à la première génération.

Emploi et école : des dégradations constatées

En matière d’emploi et d’école, il existe effectivement d’importantes problématiques relevées. Même s’ils parviennent à obtenir leurs diplômes, ils ont ensuite du mal à trouver un emploi. Le second coordinateur du projet Cris Beauchemin explique que « l’intégration socio-économique est difficile pour eux, alors que leur intégration sociale est en marche ».

Dans le monde du travail, ce sont les hommes qui sont les plus touchés par la discrimination ainsi que par le racisme précise l’étude. Les immigrés « visibles » sont entre 10 et 37% à être concernés. Ces travaux qui ont duré plus de dix ans démontrent également que malgré leur ascension professionnelle ou encore le mariage mixte, les immigrés ne sont pas protégés contre le racisme. Or, l’un des coordinateurs du projet Patrick Simon raconte pour le quotidien Le Monde que « le couple mixte est souvent conçu comme un indicateur d’intégration ». Il précise aussi que « les cadres immigrés sont significativement plus confrontés au racisme que toutes les autres catégories socioprofessionnelles ».