France : un SDF sur dix est diplômé de l’enseignement supérieur

C’est confirmé, les études et le travail ne protègent plus contre la précarité en France. L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) et l’Institut national d’études démographiques (INED) ont publié mercredi une étude qui révèle qu’un SDF sur dix est diplômé de l’enseignement supérieur.   

 

Le nombre des SDF augmente

Cette étude menée par l’INSEE et l’INED se base sur un recensement effectué en 2012. Il y avait 143 000 SDF à cette époque, soit 50 % de plus qu’en 2001. Les SDF d’origine étrangère, notamment venant des anciennes colonies françaises, sont de plus en plus nombreux. Le nombre d’enfants sans-abri a aussi énormément augmenté, 85 %, alors que la progression est de 49 % chez les majeures.

23 % de ces SDF étaient placés dans leur enfance. 21 % d’entre eux ont découvert la rue pendant le placement, 11 % à 18 ou 21, fin de la prise en charge. La baisse des contrats de prise en charge a aggravé la situation. Il n’y a plus que 18 000 personnes qui en bénéficient, contre 21 300 en 2010.

Les études et le travail ne sont plus des garanties

Selon cette étude de l’INSEE paru mercredi, 14 % des SDF ont suivi une formation dans l’enseignement supérieur et 10 % ont même obtenu un diplôme. « Les diplômés du supérieur sans domicile existent et leur nombre est loin d’être négligeable », annonce le démographe Philippe Cordazzo et le sociologue Nicolas Sembel. Parmi ces diplômés, il y en a qui sortent de l’enseignement supérieur français, « le plus souvent des hommes, plus âgés, plus seuls, un peu plus souvent issus de classes sociales défavorisées, un peu moins parisiens ». Les SDF qui ont obtenu leur diplôme à l’étranger sont plutôt « des femmes agées entre 30 et 49 ans, voire moins de 30 ans, avec enfants, en couple et issues de classes moyennes », la discrimination a contribué à leur situation.

L’étude montre également que 25 % des SDF en âge de travailler ont un emploi. « Ce n’est pas négligeable et cela corrige sensiblement la figure classique du SDF très éloigné de l’employabilité », soulignent Cordazzo et Sembel. Le problème est que le salaire qu’ils perçoivent ne suffit pas à joindre les deux bouts. Par ailleurs, un sans domicile sur deux se dit chômeur, un sur dix n’est pas autorisé à travailler pour différentes raisons.

Cette étude de l’INSEE vient casser tous les clichés concernant les personnes sans logement. Elle montre aussi qu’un diplôme et un emploi ne sont plus des garanties contre la précarité en France.