Scandale dans les mines de Cobalt de la RDC

A cause de la pauvreté, des millions d’enfants sont contraints de travailler dès leur plus jeune âge. Mardi dernier, Amnesty a dénoncé l’exploitation des enfants dans les mines de cobalt de la RDC.

 

La production de cobalt en RDC

Ayant une réserve évaluée entre 2,5 et 3,5 millions de tonnes soit 60 à 75% de la réserve mondiale, la République Démocratique de Congo est un pays riche en cobalt. Elle assure à elle-seule plus de la moitié de la production mondiale, la plaçant ainsi à la tête de liste parmi les pays producteurs de cobalt dans le monde.

Selon la chambre des mines de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), le secteur minier représente près de 35% du PIB du pays. La production est donc un atout majeur pour le pays.

Par contre, l’une des pratiques courantes dans ces exploitations minières est l’exploitation des enfants. C’est dans un rapport intitulé « This is what we die for : Human rights abuses in the Democratic Republic of the Congo power the global trade in cobalt”, publié le 19 janvier 2016 qu’Amnesty a alerté le monde sur les pénibles conditions de travail de ces enfants, qui pour certains n’ont que 7 ans.

En tout, les mines de l’ex-Katanga font travailler près de 40.000 enfants « creuseurs » dont la majorité travaillent dans des mines artisanales clandestines. Ils travaillent environ 12 heures par jour en transportant de lourdes charges (20 et 40 kilos) et pourtant, ils ne sont payés que deux dollars la journée.

 

Des grandes multinationales pointées du doigt

Dans ce rapport, Amnesty cherche particulièrement à alerter 16 grandes entreprises internationales œuvrant dans la technologie dont LG, Microsoft, Vodafone, Sony, Samsung, Dell, HP, Appel, Ahong, Daimler, Huawei, Inventec, Lenovo, Microsoft, Volskwagen et ZTE qui .

En effet, ces multinationales achètent toutes des batteries à base de lithium-ion en provenance de la Chine et du Corée du Sud. Pourtant, le cobalt utilisé par ces entreprises provient de l’entreprise d’exploitation minière chinoise la Congo Dongfang Mining (CDM), du groupe Zhejiang Huayou Cobalt Ltd, qui est l’un des plus grands acheteurs du cobalt de la RDC.

Questionnés par Amnesty, ces géants de l’électronique et de l’automobile ont assuré « ne pas pouvoir vérifier d’où proviennent les minerais et la façon de les extraire ». En Congo, aucune loi n’exige la vérification de la provenance des minéraux par les acheteurs.

Et pourtant, une loi américaine, entrée en vigueur depuis 2014 exige aux entreprises américaines de signaler aux autorités boursières les matières premières en provenance de la RDC pour éviter tout financement aux conflits qui ravagent le pays depuis des années.

 

Les réactions des concernés

Suite à ce scandale, des entreprises telles que Sony, Huawei et Samsung ont promis de lancer une enquête dans le but de vérifier la provenance du cobalt qu’ils utilisent. Cette réponse n’a pas réellement enchanté l’ONG qui estime qu’il faut instaurer une « loi » qui les obligerait à effectuer les vérifications.

En outre, le gouvernement congolais se dit « choqué » par le contenu de ce rapport. En effet, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, estime que des dispositions visant à mieux gérer les exploitations artisanales et minières ont été mises en place depuis plus de trois ans.

Selon ce porte-parole, il ne s’agit en réalité que « d’un moyen utilisé par des pays concurrents de la RDC (en matière de la production de cobalt) pour dissuader les entreprises à acheter le cobalt du pays ». En outre, il a assuré que « la majeure partie de la production du cobalt dans le sud du pays est industrielle et non artisanale ».

Reste à voir ce que ces entreprises américaines vont réellement entreprendre après avoir pris connaissance de ce rapport.