Les deux ans et demi de guerre civile ont considérablement affaibli le Soudan du Sud. Actuellement, le pays sombre vers le chaos et sa population crie plus que jamais sa détresse.
Le sang continue de couler
Durant le week-end dernier, de violents affrontements se sont produits à Wau, une ville située à 650 kilomètres de Juba, la capitale. Selon l’armée, ces attaques ont été orchestrées par « des éléments opposés à la paix et soutenus par des combattants tribaux ». Le bilan provisoire indique quarante-trois morts dont trente-neuf civils et quatre policiers. Mais « le bilan va probablement s’alourdir » a prévenu Michael Makuei, ministre sud-soudanais de l’information.
Il est à noter que le Soudan du Sud est entré dans une sanglante guerre civile depuis décembre 2013 quand le président Salva Kiir a accusé Riek Machar, son ancien vice-président, de comploter un coup d’Etat. Rapidement, la rivalité politique s’est transformée en une guerre ethnique entre les Dinka et les Nuer (les deux tribus auxquels appartiennent respectivement les deux hommes). Deux ans et demi après, le bilan humain est particulièrement lourd : 50.000 personnes ont perdu leur vie.
Par ailleurs, l’économie du pays est actuellement en ruine où l’inflation atteint presque les 300%. La corruption et la chute du prix du pétrole n’ont fait qu’aggraver la situation. Pour cette année, le FMI prévoit une chute de la valeur de la monnaie nationale jusqu’à 90%. C’est pour cette raison que le gouvernement sud-soudanais a annoncé l’absence de célébration du cinquième anniversaire de l’indépendance du pays, prévue le 9 juillet prochain. Le Mardi 28 juin dernier, M. Makuei a annoncé : « Nous avons décidé de ne pas célébrer le jour de l’indépendance parce que nous ne souhaitons pas dépenser trop d’argent. Nous devons consacrer le peu dont nous disposons à d’autres priorités ».
Une situation humanitaire catastrophique
Et la liste est particulièrement longue côté priorités. Le mercredi 29 juin dernier, la FAO, l’Unicef et le PAM ont publié un communiqué conjoint dans lequel ils sonnaient l’alarme sur la situation humanitaire catastrophique au Soudan du Sud. Selon ces agences de l’ONU, une grave pénurie alimentaire risque d’affecter près de 4,8 millions de personnes dans les mois à venir si aucune mesure n’est rapidement prise. « L’insécurité alimentaire atteindra cette année un niveau sans précédent lorsque les familles auront épuisé leurs réserves de nourriture, dans un contexte alimentaire difficile marqué par une période de soudure anormalement longue et dure, alors que les nouvelles récoltes ne sont pas attendues avant le mois d’Août » ont-ils mis en garde.
Selon l’ONU, plusieurs zones comme la région de Bahr et de Ghazal sont maintenant placées dans le niveau « catastrophe » ou « phase 5 ». « Nous sommes très inquiets de constater que l’insécurité alimentaire s’étend au-delà des zones de conflits » a soulevé Serge Tissot de la FAO. De son côté, l’UNICEF s’inquiète du niveau alarmant de malnutrition chez les enfants. Depuis le début de cette année, l’organisation a soigné 10.000 enfants souffrant de malnutrition grave, soit 40% de plus qu’en 2015. Pour limiter les dégâts, le PAM compte fournir une aide alimentaire d’urgence à 3,3 millions de personnes. Il faut croire que l’accord de paix signé entre les parties ont conflit n’ont eu aucun effet sur la vie des sud-soudanais.