Comme dans toutes les guerres, les civils sont toujours les principales victimes. S’ils ne se font pas tuer durant les attaques, ils servent de boucliers humains. Après cinq ans de guerre, les civils syriens crient plus que jamais leur détresse.
Une prise d’otages à Manjib
L’EI perd de plus en plus de terrain en Syrie. Pour cause, l’alliance des combattants arabes et kurdes, regroupés au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS), a réussi à reprendre un de ses fiefs. Le samedi 6 août dernier, le FDS a lancé l’offensive sur la ville de Manjib. Si l’organisation djihadiste a perdu pas moins de 900 hommes lors de cet affrontement, quelques survivants continuent encore à résister.
Pour assurer leur survie, ces derniers viennent de prendre en otage plusieurs milliers de civils. « En se retirant d’al-Sireb, le dernier quartier où ils étaient retranchés à Minbej, les djihadistes ont enlevé quelques 2.000 civils dont des femmes et des enfants » a rapporté Cherfane Darwich, porte-parole militaire des FDS. Très actif sur le terrain, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a confirmé cet enlèvement et a précisé que les djihadistes ont emmenés les civils dans 500 voitures.
Cette prise d’otage a ainsi retardé la conquête totale de Manjib par les FDS qui assurent vouloir « éviter des victimes civiles ». Il est à noter que 437 civils dont 105 enfants ont péri depuis le début des affrontements dans cette ville. Parmi eux, 203 ont été tués lors des attaques menées par la coalition internationale.
Une attaque chimique à Alep
Pendant ce temps, les affrontements s’intensifient à Alep. Le 10 août dernier, la bataille a franchi un cap particulièrement terrifiant. En effet, les forces pro-gouvernementales ont fait usage d’armes chimiques. Ainsi, des hélicoptères ont jeté des bidons de chlore dans les quartiers Est de la ville qui sont toujours sous contrôle des rebelles. Bilan de cette attaque : quatre morts et plusieurs centaines de personnes ont éprouvé de la difficulté à respirer, dont notamment les enfants.
Or, l’usage militaire du chlore est fortement interdit par la Convention sur les armes chimiques de 1997. Ainsi, « les individus ayant utilisé des substances chimiques, dont le chlore ou tout autre produit toxique, en tant qu’armes devront rendre des comptes » stipule-t-elle. Et la Syrie est bien consciente de cette interdiction puisqu’elle fait partie des signataires de cet accord.
Malheureusement, le chlore a été utilisé d’une manière « systématique et répétée » dans le conflit syrien a déploré l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). La semaine dernière, la Protection civile syrienne a dénoncé le largage de bonbonnes de gaz toxique sur la ville de Sarakeb, au nord-ouest du pays. Et en 2013, une attaque au gaz sarin a fait plus d’un millier de morts à Damas. Si les deux parties ont nié toutes responsabilités dans cette attaque, les Nations Unies avaient accusé les forces de Bachar. D’ailleurs, seule l’armée syrienne dispose de gaz toxiques a précisé l’organisation.