Venezuela : le pays le plus pauvre du monde

« Le Venezuela est devenu le pays le plus pauvre du monde » selon l’indicateur Bloomberg. Le président Nicolas Maduro tente de sortir de l’impasse en perpétuant l’état d’urgence économique depuis février, mais la situation ne fait qu’empirer. L’armée contrôle actuellement les frontières et les ports, règlera-t-elle les problèmes économiques ?  

 

Le pays le plus pauvre du monde

La moitié des 30 millions de Vénézuéliens vivent actuellement en dessous du seuil de pauvreté, soit deux fois plus qu’il y a six ans, selon l’indicateur Bloomberg. En un an et demi, le baril de Brent a chuté de 70 % pour arriver aujourd’hui à environ 48 dollars. Le pays est ruiné, avec un déficit public s’élevant à 20 % du PIB. Selon l’estimation du FMI, l’inflation devrait culminer à 720 % cette année. Le pays qui possède une des premières réserves de pétrole au monde est aujourd’hui contraint d’en importer, l’or noir représentait pourtant 96 % de son exportation.

La crise vénézuélienne qui est devenue multidimensionnelle a de nouveau placé le pays en état d’urgence économique. La situation socioéconomique du pays se reflète à travers les pillages de supermarchés, mais également le passage en force de plus de 500 femmes à la frontière colombienne pour s’approvisionner en vivre et en médicament. En effet, 80 % des produits de première nécessité sont quasiment introuvables. L’avenir ne s’annonce pas meilleur, vu que la City Bank a annoncé mardi qu’elle va fermer le compte du Venezuela  d’ici 30 jours, ce qui coupera le pays de tous les marchés financiers internationaux.

Le pouvoir aux militaires

Même si l’état d’urgence économique a déjà montré ses failles, Nicolas Maduro promet une « grande mission approvisionnement souverain et garanti ». En décrétant la continuité de l’état d’urgence économique, le président Nicolas Maduro a décidé de placer les ports, les aéroports et les entreprises dans tout le pays sous autorité militaire pour qu’ils « commencent à fonctionner comme ils se doivent ». « Je ne suis pas partisan de l’intervention militaire dans les affaires qui ne sont pas militaires. Mais là, il en va de la souveraineté et de la défense de la patrie. Il ne s’agit pas de militariser, il s’agit de mettre de la discipline », rassure le général Padrino.

L’armée a ainsi le droit de disposer des biens du secteur privé pour assurer l’approvisionnement de nourriture et de médicament. Le président socialiste dénonce une « guerre économique » perpétré par des entreprises et opposants politiques pour pousser la population à bout. Les économistes considèrent pourtant cette méthode d’inefficace et dangereuse. « Maduro prétend sortir d’une crise économique causée par des contrôles inopérants, en matière de change et de prix, en imposant plus de contrôles. C’est absurde », explique le professeur Pedro Villegas.

Face à l’étendue de la crise qui se ressent désormais jusqu’à Cuba, l’efficacité de cette militarisation est remise en question. Par ailleurs, la frontière avec la Colombie sera de nouveau rouverte dimanche pour permettre à la population de s’approvisionner à Cucuta.