Crise en Venezuela : le pays s’écroule lentement

Une pénurie des produits de première nécessité sévit actuellement au Venezuela, plus de 80 % des produits de base y sont introuvables, d’après l’institut Datanalisis. Le gouvernement a procédé à la distribution de nourritures à prix réduit, mais cela suscite la polémique.

 

Polémique autour des sacs de nourritures

Pour faire face à la pénurie, le gouvernement distribue tous les 21 jours des sacs remplis de produits subventionnés. Il existe deux types de sacs, selon Herminia Rangel, responsable d’une unité locale du gouvernement. La version « Mercal » contient des produits basiques « fabriqués par le gouvernement » et la version « prépayée » est destinée aux habitants qui ont versé une somme à l’avance. Ce sont les comités de fourniture et de production, appelés « Clap », qui sont chargés de remettre à prix réduits ces derniers aux bénéficiaires de programmes sociaux. Le Mercal coute 910 bolivars, contre 12 500 au marché noir, soit 14 fois moins. En accusant la « bourgeoisie », à l’image des chefs d’entreprises, d’orchestrer la pénurie pour le déstabiliser, Nicolas Maduro explique que les Clap sont « le grand instrument de la révolution pour vaincre la guerre économique ».

Il est toutefois difficile de satisfaire les Vénézuéliens qui sont lassés par plusieurs mois de crise. Certains jugent que les nourritures contenues dans ces sacs sont insuffisantes et que peu de gens peuvent en profiter car les distributions se font en fonction des préférences politiques. Les bruits courent que les Clap seraient les seuls à avoir accès aux aliments basiques aux tarifs réduits. L’armée intercepte et confisque des camions d’aliments à destination des supermarchés pour les remettre à ces comités de fourniture et de production. Les distributions sont même encadrées par les militaires dans certains quartiers comme 23 de Enero, à Caracas. Les commerçants déplorent une aggravation de la pénurie et de la corruption.

 

Des protestations contre l’inaction du gouvernement

Le début du mois de juin a vu naître à travers tout le pays de multiples protestations contre les pénuries. Le cri des manifestants « Nous avons faim ! » a surtout raisonné dans le quartier du palais présidentiel de Miraflores.

Face à la détermination des manifestants, les forces de l’ordre ont riposté à coup de gaz lacrymogènes. Pourtant, ils sont restés bras croisés lorsque des hommes en civil ont agressé une dizaine de journalistes et pris leurs outils.

Le gouvernement nie les accusations portées à son égard concernant la distribution de nourritures. De l’autre côté, l’opposition de centre-droit appuie les requêtes des manifestants. A titre de rappel, l’opposition veut organiser un référendum pour révoquer Nicolas Maduro mais les chavistes font tout pour le retarder.