Migrants : une baisse qui cache un drame

Depuis l’entrée en vigueur de l’accord UE-Turquie, l’afflux de migrants s’est ralentit mais est-ce-une bonne nouvelle ? En tout cas, le nombre de naufrage n’a jamais été aussi important en mer Méditerranée.  

 

Baisse d’entrées en Allemagne

Selon les dernières données enregistrées par le système EASY, le mardi 07 juin dernier, 16.281 migrants ont déposé une demande d’asile en Allemagne durant le mois d’avril dernier. Parmi eux, 2.685 sont des syriens, 2.289 sont des afghans et 1.355 sont des irakiens. Ces chiffres rapportent donc le nombre total de demandeurs d’asile, depuis le début de cette année, à 205.929.

Certes, l’afflux de migrants n’a pas cessé mais il a ralenti depuis ces derniers mois. Vers le mois de décembre dernier, le nombre de demandeurs d’asile s’élevait encore à 120.000, puis 90.000 en janvier, 60.000 en février et 20.000 en mois de mars. Cette baisse est particulièrement due à l’entrée en vigueur de l’accord sur les migrants signé entre l’UE et Ankara depuis le mois de mars dernier. En rappel, cet accord vise à retourner tous les migrants entrés illégalement sur les îles grecques depuis cette date vers la Turquie.

En tout cas, le gouvernement allemand compte accueillir 600.000 migrants pour cette année et 400.000 autres pour l’année prochaine. Parallèlement à cet accueil, les dépenses sont évaluées à 25,7 milliards d’euros d’ici la fin 2020 comprenant : hébergement et intégration des réfugiés, allocations chômage, aide au logement et autres prestations sociales.

 

Mer Méditerranée, un cimetière

Pendant ce temps, le drame se poursuit en mer Méditerranée. Certes, le nombre d’arrivées sur le territoire européen a considérablement diminué mais le nombre de traversées reste toujours important. D’ailleurs, du 19 mai au 1er juin, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué qu’au moins 1.000 personnes sont portées disparues lors d’une traversée en mer Méditerranée.

Depuis janvier dernier, près de 2.500 personnes ont perdu leur vie sur les routes les unes des autres sur la Méditerranée. En moyenne, la mer tue 15,8 personnes chaque jour en mer dont les 90% ont emprunté les voies les plus dangereuses : Libye – Italie et Egypte – Crète. Sur cette dernière, un naufrage s’est d’ailleurs produit le lundi 06 juin dernier faisant au moins neuf morts. Le drame au niveau de ces zones indique que les passeurs n’hésitent pas à emprunter des itinéraires dangereux pour contourner la force navale de l’Otan qui sillonne entre les côtes turques et les îles grecques.

En tout cas, la mer Méditerranée reste donc la voie la plus meurtrière de l’histoire. En quinze ans, plus de 16.000 personnes ayant tenté de rejoindre les côtes européennes y ont laissé leur vie dont 3.771 en 2015. Et la situation risque de s’aggraver pour cette année. Depuis le début de cette année, l’OIM a enregistré 2.809 morts contre 1.838 en 2015 durant la même période. De plus, ces chiffres restent toujours approximatifs à cause du nombre de personnes qui sont toujours portées disparues.