Accord UE-Turquie : violemment fragilisé

Près de deux mois après sa signature, l’accord UE-Turquie semble déjà menacé. Suite au départ de Davutoglu, le président Erdogan a repris les règnes et cherche à mettre Bruxelles au pied du mur.

 

Non à la réforme de la loi anti-terroriste !

Comme stipulé dans l’accord signé entre l’UE et la Turquie le 18 mars dernier, les pays européens se sont engagés à l’exemption de visas aux ressortissants tucs à condition qu’Ankara remplisse les conditions requises, dont principalement la modification de sa loi contre le terrorisme.

Une condition qui déplaît particulièrement à Recep Tayyip Erdogan, le président turc, qui n’a pas hésité à affirmer son opposition, le vendredi 06 mai dernier, lors d’un discours public tenu dans le quartier d’Eyüp, en Istanbul. Ainsi, il a déclaré : « Au moment où la Turquie subit les attaques des organisations terroristes et des structures qui les soutiennent, l’UE nous demande de modifier la loi antiterroriste. Les visas seront abolis à cette condition, c’est ce qu’ils disent. Désolé, allez votre chemin, nous suivrons le nôtre. Entendez-vous avec qui vous pouvez… ».

De son côté, Volkan Bozkir, le ministre des Affaires européennes a expliqué : « Il n’est pas possible de réviser la législation et les pratiques sur le terrorisme alors que notre pays continue sa lutte intensive contre un certain nombre d’organisations terroristes ».

Pourtant, si tous les critères ne sont pas remplis, Amanda Paul, membre du groupe de réflexion European Policy Center a souligné qu’il sera « difficile de voir comment l’UE peut légitimement procéder à la libéralisation des visas ».

 

L’accord se fragilise…

Face à ces déclarations, l’accord UE-Turquie visant à gérer l’afflux de migrants qui traversent la mer Méditerranée en provenance d’Ankara vers Athènes semble donc plus que jamais compromis.

En rappel, cet accord est né de la divergence d’opinions des pays européens face à la crise migratoire. D’un côté, il y a ceux qui optent pour l’accueil des migrants mais avec condition, et de l’autre, certains pays refusent catégoriquement cette ouverture. Néanmoins, les deux parties se sont finalement mises d’accord sur le fait qu’Ankara joue un rôle important dans cette crise et que le pays d’Erdogan peut même en être la clé.

Ainsi, l’UE et la Turquie ont signé un accord le 18 mars dernier dans lequel Ankara s’engageait à accueillir tous les migrants qui tentent illégalement d’entrer en Europe. En contrepartie, l’UE s’engage à octroyer une aide d’une valeur de trois milliards d’euros (en plus des autres trois milliards d’euros qui ont déjà été accordés), à livrer des visas aux citoyens turcs mais sous certaines conditions et à accélérer le processus d’adhésion de la Turquie au sein de l’Union.

Cet accord semble donc comme étant l’ultime et l’unique solution qui s’offre aux pays européens pour limiter l’afflux de migrants. Pourtant, son application est aujourd’hui plus que jamais menacée. En tant que principale initiatrice de ce projet, Angela Merkel compte toujours sur la Turquie pour respecter les engagements de cet accord. « L’Union européenne et l’Allemagne vont aussi à l’avenir mettre en œuvre toutes leurs obligations et nous attendons la même chose de la partie turque » a assuré Georg Streiter.