Crise migratoire : un nouvel accord très controversé

Face à la persistance de la crise migratoire, l’UE et la Turquie ont conclu un accord de dernier recours. Mais le contenu de cet accord est loin de faire l’unanimité et les ONG n’ont pas tardé à réagir contre.

 

Une crise qui déchire l’UE

Depuis l’année dernière, la crise migratoire est devenue la principale préoccupation des pays européens. Ayant chacun leurs valeurs, ils n’arrivaient pas à trouver un terrain d’entente sur la manière de gérer cette crise qui persiste et qui continue à les échapper.

D’un côté, il y a ceux qui proposent un accueil généreux comme l’Allemagne. De l’autre, il y a ceux qui se montrent plutôt réticents et proposent la fermeture complète des frontières. D’ailleurs, ces derniers, composés essentiellement des pays de l’Europe Centrale, n’ont pas hésité à ériger des murs barbelés et à imposer des règles restrictives au niveau de leurs frontières pour empêcher les migrants d’entrer sur le territoire.

Mais pour la grande majorité des pays européens, Ankara est un élément important dans cette crise. Ainsi, depuis décembre dernier, les discussions et les négociations entre l’UE et la Turquie n’ont cessé. D’ailleurs, un premier accord a été signé entre les deux parties dans lequel Ankara s’engageait à contenir les migrants sur son territoire et à contrôler ses frontières maritimes pour éviter les traversées illégales.

Mais cet accord n’a pas porté ses fruits puisque le nombre d’arrivées n’a cessé d’augmenter depuis le début de cette année. Le mardi 1er mars dernier, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé que le nombre de personnes ayant débarquées sur les îles grecques ont battu un nouveau record cette année. En effet, entre janvier et février, 131.724 personnes, en provenance de la Turquie, ont réussi à traverser la mer Méditerranée et sont arrivées en Grèce.

Et après la fermeture de la Slovénie, condamnant 46.000 migrants à être bloqués sur le territoire grec, l’urgence d’un accord a été plus que jamais pressante. Ainsi, un mini-sommet s’est tenu entre l’UE et la Turquie le 7 mars pour tenter de décocher enfin l’accord qui limitera les entrées de migrants en Europe. Mais Ankara est devenu plus gourmand et a augmenté les enchères. Les pays européens se sont alors accordés dix jours de réflexion avant de donner leurs réponses.

 

Un nouvel accord entre l’UE et la Turquie

Après ces dix jours de réflexion, les 28 chefs d’Etat et de gouvernement européens ont finalement donné leur feu vert, le vendredi 18 mars, pour la conclusion d’un accord entre l’UE et la Turquie dans le but de limiter l’afflux de migrants vers l’Europe.

Ainsi,  « Tous les migrants illégaux qui atteignent la Grèce depuis la Turquie à partir du 20 mars seront renvoyés » a résumé Bohuslav Sobotka, le premier ministre tchèque. Et les renvois proprement dit seront effectués à partir du 04 avril prochain.

Globalement, cet accord se repose sur le système « un pour un » : pour chaque syrien reconduit en Turquie suite à une entrée illégale sur les îles grecques, un autre syrien sera accueilli dans l’un des pays européens depuis la Turquie. Dans un premier temps, ces derniers s’engagent à accueillir 72.000 demandeurs d’asile.

En contrepartie, l’UE s’engage à octroyer une aide financière supplémentaire d’une valeur de trois milliards d’euros à Ankara (en plus des trois milliards d’euros déjà accordés) pour que ce dernier puisse contenir les migrants sur son territoire. De plus, elle libéralise les visas pour les citoyens turcs (à condition que les 72 critères pour obtenir un visa soient remplis par les demandeurs) et accélère le processus d’adhésion de la Turquie au sein de l’Union.

Mais cet accord a été particulièrement mal pris du côté des ONG et des associations de défense des droits de l’homme. Ainsi, Amnesty International perçoit cet accord comme un « coup historique porté aux droits de l’homme ». De son côté, l’ONG Oxfam estime que « l’accord ne respecte, non seulement pas, l’esprit des lois internationales et européennes mais pourrait en outre revenir à marchander des êtres humaines en échange de concessions politiques ».