2015, année noire pour les défenseurs de l’environnement

Tous les deux jours, un défenseur de l’environnement se fait tuer quelque part. Chaque année, les chiffres augmentent d’une manière alarmante alors que les crimes restent souvent impunis.

 

2015, année sanglante pour les activistes écologistes

De nos jours, être un défenseur de l’environnement est aussi dangereux qu’être membre d’un gang. Dans « On dangerous ground », publié en juin, Global Witness a répertorié 185 assassinats d’activistes écologiques dans 16 pays différents en 2015. De près ou de loin, chacun de ces meurtres étaient liés à un conflit issu d’une exploitation minière, à des projets dans l’agro-industrie, de barrages ou à des exploitations forestières.

Comparés aux chiffres recueillis par l’ONG britannique en 2014, il y a une hausse impressionnante de 73%. Pourtant, il ne s’agit là que de la partie émergée de l’iceberg puisque « certains assassinats ne sont parfois pas considérés comme liés à un conflit politique ou environnemental par les autorités ». D’ailleurs, dans certains pays, c’est l’Etat lui-même qui « criminalise » le travail des défenseurs de l’environnement. Interviewé par The Guardian, Felipe Milanez, journaliste spécialiste de l’Amazonie, a confié : « Tuer est devenu politiquement acceptable lorsqu’il s’agit d’intérêt économique ».

Cette situation est surtout visible au Brésil où 50 écologistes ont perdu leur vie au cours de l’année dernière. Dans ce pays, les autorités continuent à fermer leurs yeux non seulement sur les meurtres mais aussi et surtout sur les exploitations illégales. Pour Alice de Marchi de l’ONG Justiça Global, cette situation est « un véritable retour en arrière ». En rappel, de violents affrontements ont opposé les communautés indigènes du Brésil contre les grands fermiers et sociétés minières qui accaparaient illégalement leurs terres durant l’époque coloniale.

 

Un appel au secours de la part des ONG

Lasses et indignées de cette situation, 76 ONG de différentes nationalités se sont réunies pour crier leur désespoir. Formant l’« Union internationale pour la conservation de la nature » (UICN), elles ont demandé une protection de la part du Pape François par le biais d’une lettre. Il est à noter que ce dernier est particulièrement engagé dans la protection de l’environnement et la lettre encyclique Laudato Si’, qu’il a rédigé en mai 2015 en témoigne.

D’ailleurs, c’est justement ce texte qui a motivé les associations à lancer cet appel au secours. « Cette lettre nous aide non seulement à réaffirmer le défi urgent de protéger notre maison commune, mais aussi elle nous encourage à nous unir dans la recherche d’un développement durable et intégral qui rompt avec le modèle économique actuel et nous aide à rétablir le lien entre les personnes et la nature » ont-elles souligné dans leur lettre.

Pour les militants, même si l’année 2015 a été particulièrement sanglante, ils restent toujours optimistes. Pour cause, ils ont relevé des signes de « mouvement qui se mobilise pour protéger la Maison que nous partageons ». Ainsi, ils n’ont pas manqué de saluer la décision de la Cour Pénale Internationale (CPI) de traiter rapidement les cas liés à l’environnement et accaparement de terres. Toutefois, ils réclament plus d’engagement de la part des pays touchés pour « augmenter la protection des terres et de l’environnement » et d’ouvrir des enquêtes sur les crimes commis.