Migrants : une année plus sombre que 2015 ?

A l’approche de l’été, le nombre de tentatives de traversées en mer Méditerranée a considérablement augmenté. Mais avec l’entrée en vigueur de l’accord UE-Turquie, les migrants ont décidé de prendre un autre itinéraire, qui est pourtant particulièrement dangereux : Libye – Italie.

 

Naufrages en série

L’été s’approche à grand pas et les conditions sont particulièrement favorables en mer Méditerranée à cette époque de l’année. Raison pour laquelle, le nombre de traversées n’a cessé d’augmenter ces dernières semaines. Or, pour traverser, les migrants montent généralement sur des embarcations de fortune ou des canoës pneumatiques, ce qui cause beaucoup d’accidents et de naufrages.

Et ces deux derniers jours le démontrent bien. Entre le mercredi 08 et le jeudi 09 juin derniers, les garde-côtes italiens et les marines de secours ont mené une opération de sauvetage de grande envergure au large de la Libye. En 48 heures, plus de trois milles migrants ont été secourus. On comprend mieux maintenant pourquoi le nombre d’entrées dans les îles grecques et les îles italiennes a connu une importante baisse.

Dans la journée du mercredi, 1.100 migrants ont été secourus contre 1.950 migrants dans la journée du jeudi. D’après les garde-côtes italiens, les navires affrétés pour l’opération Sophia de l’Union Européenne a sauvé des migrants de sept embarcations tandis que le Dignity I, de Médecins Sans Frontières, a récupéré près de 500 passagers embarqués dans quatre canots pneumatiques. Et, le Phoenix, navire affrété par l’ONG Migrant Offshore Aid Station, a secouru 243 migrants de deux bateaux différents.

 

Pire que 2015 ?

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, plus de 48.000 migrants ont débarqué sur les îles italiennes depuis le début de cette année, ce qui est 10% de moins par rapport à l’année dernière à la même période. Il est à noter que la majorité de ces migrants sont originaires de l’Afrique subsaharienne. Par contre, le nombre de décès a augmenté d’un millier par rapport à 2015. Depuis janvier, l’Organisation internationale de migration (OIM) a recensé 2.809 décès. 320 d’entre eux ont perdu leur vie durant la semaine dernière.

Mais si cette situation est tragique pour beaucoup, une poignée de personnes y trouvent leur compte. C’est le cas des passeurs qui fleurissent de jour en jour. Et pire, ils n’hésitent pas à mettre en péril la vie de plusieurs milliers de personnes par jour en optant pour des itinéraires dangereux dans le but d’esquiver la force navale de l’OTAN.

En tout cas, un érythréen dénommé Medhanie Yehdego Mered, âgé de 35 ans, suspecté d’être le chef d’un réseau de passeurs a été arrêté par les autorités soudanaises qui l’a extradé vers l’Italie, le mercredi 08 juin dernier. Mais suite à la diffusion de la vidéo de la descente d’avion du suspect, plusieurs migrants érythréens ont confirmé qu’il ne s’agit pas de celui que les passeurs appellent le « général ». Pour lever le voile sur cette dénégation, le parquet de Palerme (Italie) a procédé aux différentes étapes de vérification pour identifier la vraie identité de cet homme.