Burundi : le sang coule dans la capitale

Depuis le mois d’Avril, les affrontements entre le régime et les opposants ont causé la perte de plusieurs centaines de personnes. Une situation qui s’est dégradée depuis le 21 juillet, suite à la réélection du président Pierre Nkurunziza.

 

Un troisième mandat contesté

En mois d’Avril, Pierre Nkurunziza, président du Burundi a annoncé son intention de se présenter à la présidentielle pour un troisième mandat. Pour la société civile et les opposants, il s’agit d’une violation de la loi constitutionnelle du pays. Plusieurs personnes ont ainsi manifesté leur opposition, causant la perte d’une dizaine d’entre-elles. En mai, la contestation prend une toute autre ampleur quand les militaires ont tenté un coup d’Etat. En effet, le général Godefroid Niyombare, ex-chef des services de renseignements et proche du président Nkurunziza, a annoncé la destitution du président le 13 mai. Une annonce qui a été rapidement démentie par le principal intéressé, qui, à ce même moment, assistait à un sommet régional pour trouver des solutions à la crise burundaise en Tanzanie. Et la situation dégénère encore plus quand, le 21 juillet 2015, Pierre Nkurunziza est réélu pour un troisième mandat. Une réélection contestée par les opposants qui dénoncent une fraude et une répression durant l’élection.

 

Le bilan s’alourdit de jour en jour

A l’égard des protestataires, le régime n’hésite pas à utiliser des méthodes de répression basées sur les menaces et la violence. D’ailleurs, le président Nkurunziza a donné l’ordre aux autorités « d’user de tous les moyens » pour contrer l’opposition. Sur la même lancée, Révérien Ndikuriyo, le président du Sénat burundais, n’hésite pas à menacer les quartiers rebelles de Bujumbura : « Aujourd’hui, les policiers tirent dans les jambes, mais le jour où on va leur dire de « travailler », ne venez pas pleurer » a-t-il lancé. Selon les Nations Unies, 400 personnes ont perdu la vie depuis le mois d’Avril et plus de 280.000 ont préféré quitter leur pays pour trouver refuge auprès des pays voisins comme l’Ouganda, la Tanzanie, le Rwanda ou encore la République Démocratique du Congo. Les événements qui ont eu lieu le vendredi 11 et le samedi 12 décembre n’ont fait qu’aggraver la situation. En effet, le vendredi 11 décembre, des groupes d’opposants armés ont lancé des attaques simultanées contre trois camps militaires. Ce qui a entrainé une répression importante dans la capitale Bujumbura de la part du gouvernement. Bilan, 79 civils et 8 soldats ont trouvé la mort et plusieurs centaines de jeunes ont été arrêtés.

 

L’UA propose une armée

Face à une telle violence, le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’UA a lancé la Mission Africaine de Prévention et de Protection du Burundi (Maprobu). L’objectif principal de la mission sera d’éviter « la détérioration de la situation sécuritaire », de « contribuer à la protection des populations civiles en danger immédiat » , de faire en sorte que « le dialogue inter-burundais » soit une réussite et de faciliter « la mise en œuvre de tout accord ». L’UA propose ainsi d’envoyer 5.000 soldats pour venir en aide aux civils burundais. Mais cette proposition a été catégoriquement rejetée par le président Pierre Nkurunziza. Face à ce refus, le CPS donne quatre jours au gouvernement pour changer d’avis, passé ce délai « le bloc panafricain prendrait des mesures supplémentaires pour assurer qu’il ait lieu ». En tout cas, les deux chambres du parlement burundais tiennent une réunion extraordinaire aujourd’hui pour « donner la parole au peuple » au sujet de cette décision de l’UA.