L’Italie se remet difficilement du séisme de la semaine dernière

Alors que l’Italie est encore en deuil six jours après le séisme, trois nouveaux corps ont été retrouvés à Amatrice, la ville la plus touchée. Cela augmente provisoirement le nombre de morts à 292, vu qu’une dizaine de personnes sont toujours portées disparues.    

Bilan éternellement provisoire

Un séisme de magnitude 6,2 a secoué l’Italie dans la nuit du 23 au 24 août. Le bilan n’a cessé de s’alourdir, passant d’au moins 3 morts à plus de 250 rien que dans la journée du 24. Naturellement, les médias se sont focalisés sur ce point. Europe1 y a d’ailleurs consacré une page entière sur son site, tout en avançant les principales informations à retenir : « décès confirmé d’au moins 247 personnes – des bâtiments se sont écroulés, faisant des blessés – les recherches de survivants sont en cours – les communes d’Accumoli et d’Amatrice très touchées.

L’ampleur des dégâts a particulièrement marqué ce séisme en Italie, c’est ce qui a alourdi le bilan humain. Le monde a consacré un article sur la zone la plus touchée, la ville d’Amatrice qui « a disparu aux trois quarts ». Le site décrit dans ses premières lignes un « champ de ruines ». Il reprend ensuite la déclaration émouvante du maire, Sergio Pirozzi, à la radiotélévision nationale (RAI) «  la ville a disparu aux trois quarts. L’objectif, maintenant, c’est de sauver le plus de vies possible. On entend des voix sous les décombres, nous devons sauver les personnes qui sont bloquées là ».

Polémique sur les normes parasismiques

Pourquoi ce séisme de magnitude 6,2 a-t-il provoqué d’énormes dégâts en Italie? Cette question a suscité une polémique autour des normes antisismiques. Xavier Sartre, correspondant de franceinfo en Italie a rappelé que ce sujet a déjà fait beaucoup de bruit après le séisme d’Aquila en 2009. « Le non-respect des normes et l’absence de scrupules de certains constructeurs ont amplifié les dommages et le nombre de victimes », a-t-il souligné. « Quand on regarde la carte du séisme de mercredi, on se rend compte que certaines communes touchées n’ont aucune victime à déplorer. Non pas que la secousse ait été moindre, mais parce que les normes antisismiques ont été respectées et appliquées. A Norcia, à 17 km que l’épicentre, il y a des dégâts matériels, des bâtiments fissurés, mais il n’y a aucune victime ni d’énormes destructions contrairement à ce qui s’est passé à Amatrice, où une grande partie du village s’est écroulée ».

Cette polémique a enflé à mesure que le pays entre dans la phase reconstruction. La journaliste  de France 3 Peggy Mauger raconte en direct d’Ascoli Piceno, en Italie, la colère de la population. « Ici, de nombreuses voix s’élèvent pour dire que ce drame humain aurait pu être évité et qu’il n’y aurait pas dû y avoir autant de morts dans ce tremblement de terre », explique-t-elle, « une enquête va être ouverte, mais la polémique ne cesse d’enfler à tel point que le chef du gouvernement, Matteo Renzi, a été largement sifflé à sa sortie de la cérémonie officielle ce matin ». Le lendemain du séisme, le Premier ministre a promis des efforts « pour mieux protéger les bâtiments et infrastructures des catastrophes naturelles », d’après ce que rapporte Le monde. Ce qui a laissé sceptique plus d’un, sachant que l’école d’Amatrice qui vient d’être détruite par le séisme a été rénovée en 2012 pour l’adapter aux normes parasismiques.

Une solidarité créative

Cette tragédie qui a frappé l’Italie a provoqué une grande vague de solidarité. « Pour aider les populations touchées, dons et volontaires affluent vers les régions sinistrées », raconte bfmtv. Donneurs de sang, motards bénévoles et l’église ont mis leurs mains à la patte. L’Obs dévoile l’imagination débordante des Italiens pour trouver les moyens d’aider leurs compatriotes. Plus de 700 restaurateurs ont promis de verser 2 euros à la Croix-Rouge italienne à chaque plat de spaghettis, originaire de la ville d’Amatrice. Cette idée a été reprise par le réseau international Slow Food qui  a appelé les restaurateurs à afficher à leur menu le plat emblématique de la ville touchée et de reverser une partie des revenus. « Le ministère de la Culture a par ailleurs annoncé jeudi que toutes les entrées des musées nationaux enregistrées dimanche bénéficieraient aux territoires touchés par le séisme, invitant tous les Italiens à se rendre dans les musées en signe de solidarité », a indiqué le site. Le football est aussi de la partie en consacrant entièrement ou partiellement les recettes de plusieurs matchs de la 2e journée de la Ligue. Le quotidien a finalement soulevé une action assez particulière : « plus insolite, une pétition en ligne lancée sur la plateforme Change.org propose que la cagnotte du Superlotto en cours, d’une valeur de 128,8 millions d’euros, soit reversée aux victimes du séisme. Elle a déjà rassemblé plus de 4.000 signatures »   

Cet élan de solidarité a même pris une envergure internationale d’après ce qu’évoque JDM. « La commerçante Elena Faita, une personnalité dans la communauté italienne montréalaise, se prépare à solliciter ses clients via les réseaux sociaux pour qu’ils fassent un don à la Croix-Rouge », raconte le quotidien. « Même si c’est cinq dollars. Cinq dollars, beaucoup de personnes, ça fait beaucoup d’argent », aurait déclaré la commerçante.

Les messages de solidarité ont aussi afflué sur les réseaux sociaux. « Le tremblement de terre en Italie est une terrible tragédie. J’exprime à Matteo Renzi la solidarité et l’affection du peuple français », a notamment écrit François Hollande sur son compte Twitter.