Lutte contre le braconnage : à chacun ses méthodes

En Afrique du Sud comme au Zimbabwe, le rhinocéros est l’animal le plus braconné. Pour y remédier, le premier a autorisé la vente de cornes, tandis que le second a préféré décorner ses rhinocéros. L’insatiable demande qui a fait exploser le braconnage provient de la Chine. Les actions menées par ce pays contre le trafic n’ont aucun effet sur le terrain car le Vietnam a pris le relais.

 

L’Afrique du Sud autorise le commerce de cornes

Ces dernières années, le braconnage a énormément augmenté en Afrique du Sud. Et pour cause, 80 % de la population mondiale de rhinocéros vivent dans le pays. Rien qu’en 2014, 1 215 rhinocéros ont été tués pour leurs cornes. Réduites en poudre, ces dernières auraient des vertus thérapeutiques très appréciées dans la médecine traditionnelle asiatique. Ce marché clandestin est particulièrement fleurissant en Chine, mais le pays a récemment pris des mesures pour y faire face. Le Vietnam est donc devenu le nouvel eldorado des trafiquants.

Face à cette explosion du braconnage, l’Afrique du Sud est engagée depuis des années dans un débat interminable sur la légalisation ou l’interdiction de la vente de cornes de rhinocéros. Un moratoire interdisant la vente a été levé par la justice, une décision que les ONG jugent « extrêmement dangereuse ». « Quand un pays légalise le commerce de ce genre, le braconnage augmente de manière spectaculaire », a prévenu Jason Bell, directeur de l’organisation de défense des animaux Ifaw en Afrique du Sud. En attendant un possible appel de jugement de la part du ministère sud-africain de l’Environnement, ceux qui sont en possession d’un permis peuvent vendre légalement des cornes de rhinocéros dans le pays.

Le Zimbabwe décorne les rhinocéros

Au Zimbabwe, plus de 50 rhinocéros ont été l’année dernière. La lutte contre le braconnage est entravée par la corruption. En effet, des membres de la police secrète nationale seraient impliqués dans des réseaux de braconnages, selon l’African Arguments. Des membres de services de protection de la faune pensent que la Central intelligence organisation (CIO) force des rangers et des braconniers à lui vendre leur ivoire et cornes. « Le CIO leur indique quel prix il est prêt à mettre et les prévient que s’ils ne veulent pas vendre et tentent d’écouler leurs cornes ailleurs, ils seront arrêtés », raconte une source anonyme.

Pour dissuader les braconniers, 700 rhinocéros adultes vont être décornés. « C’est une mesure dissuasive qui réduit la valeur potentielle que peuvent obtenir les braconniers », a expliqué la directrice d’Aware Trust Zimbabwe (ATZ), un groupe de militants pour l’environnement qui accompagne les autorités locales dans ce processus. La procédure suivie est indolore car l’animal est anesthésié et la corne finit toujours par repousser.

Une loi internationale interdit le braconnage et le trafic d’espèces sauvages, mais le marché est si juteux qu’il est difficile de dissuader les trafiquants. Ces derniers s’intéressent à tout ce qui rapporte, corne de rhinocéros, peau d’âne, ivoire, fourrures mais aussi des espèces végétales comme le bois de rose ou l’ébène.