Les actualités marquantes du 29 mars au 5 avril 2016

Au menu de notre revue de presse : l’accord contesté entre l’UE et la Turquie et le nouvel échec des pourparlers sur la Syrie.

 

Crise migratoire : l’avenir incertain des migrants

Depuis l’année dernière, les pays européens sont dépassés par la crise migratoire qui affecte leur continent. Mais un accord a finalement été trouvé entre la Turquie et l’UE mais il est loin de faire l’unanimité. 

 

« Une position commune »

Dans la nuit du 17 au 18 mars, les 28 dirigeants européens ont trouvé un accord sur une « position commune » concernant les points à négocier avec la Turquie sur la question des réfugiés. « La formule mesurée traduit les difficultés des vingt-huit à trouver un terrain d’entente entre eux sur le cadre précis des discussions avec Ankara » remarque Le Monde. En effet, les avis des dirigeants européens ont été particulièrement partagés sur cet accord. D’ailleurs, Libération le confirme en rapportant une partie de la déclaration de Charles Michel, le premier ministre belge, qui disait : « Il n’est pas question de brader nos valeurs », d’un côté et celle de Ahmet Davutoglu, qui disait : « Pour nous, pour la Turquie, la question des réfugiés n’est pas une question de marchandage, mais une question de valeurs humanitaires, ainsi que de valeurs européennes » de l’autre.

Mais malgré cette ambiance tendue, le contrat a finalement été signé entre l’UE et Ankara le vendredi 18 mars. « Le soulagement qui s’est emparé du Conseil européen ne masque pas tout à fait le malaise ambiant ». C’est ainsi que Le Monde décrit l’état d’esprit, visiblement partagé entre soulagement et regret, des dirigeants européens à la sortie du conseil. Sans mâcher ses mots, le quotidien compare l’accord à une « sous-traitance de la crise migrants à la Turquie ». Et affiche son désaccord face au choix de l’UE en lançant : « Pour régler la grave crise humanitaire de la mer Egée. L’Union a accepté de transiger sur le principe de l’accueil des demandeurs d’asile qui arrivent sur son territoire et a conclu un accord qui lie étroitement avec une Turquie dont le pouvoir central fait preuve jour après jour d’un autoritarisme inquiétant ».

 

Un nouvel accord UE-Turquie vivement critiqué

Mais que stipule exactement ce fameux accord ? Pour y voir plus clair, L’Obs a consacré toute une page pour apporter plus de précisions sur son contenu. D’abord, l’accord se repose sur le système « un pour un ». Ainsi, « pour chaque syrien renvoyé en Turquie à compter du 20 mars, les européens s’engagent à réinstaller dans l’UE un autre syrien depuis la Turquie » explique l’hebdo. Dans un premier temps, cet accueil sera limité à 72.000 places pour les pays européens. Toutefois, il est à signaler que cet accord ne concerne pas les 45.000 migrants qui sont bloqués depuis le mois de février dernier sur le territoire grec. Ensuite, l’UE s’est engagée à doubler son aide à six milliards d’euros pour subvenir aux besoins des 2,7 millions de syriens réfugiés en Turquie. Une première tranche d’une valeur de trois milliards doit d’ailleurs être débloquée très prochainement. Puis, l’Union a accepté d’accélérer la libéralisation des visas pour les ressortissants turcs si la Turquie rempli les 72 critères imposés par l’UE. Enfin, les négociations concernant l’adhésion d’Ankara à l’UE seront relancées très prochainement.

Certes, l’accord va limiter l’afflux de migrants qui envahissent l’Europe depuis l’année dernière mais à quel prix ? Sur son site officiel, Amnesty International a exprimé son indignation face à ce nouvel accord en déclarant : « Les dirigeants européens ont finalement choisi les renvois forcés des réfugiés plutôt que leur protection. Le cynisme d’un marchandage avec la Turquie sur le dos des réfugiés et des migrants plutôt que le respect du droit ». De son côté, Marianne se montre beaucoup plus agressif. En effet, le quotidien estime que : « L’Europe se déshonore pour un avenir incertain parce que la Turquie risque de ne plus respecter cet accord que ses précédents engagements. Parce que son application va soulever en Grèce des problèmes considérables que les bureaucrates de Bruxelles sous-estiment. Et parce que les migrants économiques d’Afrique, aujourd’hui plus nombreux que les Syriens, passeront par la Lybie ».

 

Syrie : une issue toujours incertaine?

En Syrie, la guerre qui persiste depuis plus de cinq ans a dévasté le pays ainsi que sa population. Pour sortir de cette situation catastrophique, des pourparlers de paix ont été organisés mais aucune solution n’a été réellement trouvée. 

 

Ambiance tendue dans les pourparlers

Bien qu’ils aient hésité longtemps, les membres du Haut Comité des Négociations (HCN, regroupant les principaux groupes d’opposition syrienne) ont finalement participé aux pourparlers organisés par les Nations Unies à Genève. Comme prévu, les négociations ont débuté à partir du lundi 14 mars dernier où le HCN et le régime syrien ont été reçu par Staffan de Mistura à tour de rôle. Pour décrire la première semaine de discussion, RFI a déclaré que « c’était surtout l’occasion pour les deux camps de marquer leur territoire » en précisant que « le régime a ouvert les hostilités ». En effet, avant l’arrivée des représentants du HCN, Damas a souligné que « il n’est pas question d’envisager l’avenir de la Syrie sans Bachar ». Rapidement, l’opposition a répliqué : « Bachar quittera le pouvoir mort ou vif ».

 

Une issue toujours incertaine

A la fermeture des discussions le jeudi 24 mars, aucune réelle solution n’a été trouvée. Cet échec montre encore une fois l’impuissance des Nations Unies dénonce Le Monde en avançant : « Staffan de Mistura n’a pas fait de mystère de son incapacité à amener le régime et l’opposition à s’accorder sur une transition politique sans une pression coordonnée de leurs parrains respectifs, Moscou et Washington ».

Néanmoins, ces pourparlers ont permis un « rapprochement entre la Russie et Washington » soulève France24. En effet, les deux pays ont trouvé un accord le vendredi 25 mars après quatre heures de discussions entre Vladimir Poutine et John Kerry et s’engagent à « amener le président Bachar Al-Assad à prendre les bonnes décisions et à s’impliquer dans le processus de paix ». Ainsi, ils vont donc faire le nécessaire pour « consolider la trêve » et « d’organiser des négociations directes entre le régime et l’opposition ».