Les actualités marquantes du 9 au 15 mars 2016

Au menu de notre revue de presse : le lancement des pourparlers de paix sur la Syrie malgré les tensions et la situation catastrophique au Soudan du Sud.

 

Pourparlers de paix : le processus enfin lancé

Après cinq ans de guerre, les syriens ont finalement pu profiter d’une brève trêve. Pendant ce temps, les pourparlers de paix ont commencé à Genève mais l’issue reste incertaine.

 

L’opposition répond présente

Pendant que la Syrie savourait ses quelques jours de trêve, l’ONU prévoyait la relance des négociations. Ainsi, la date de lancement a été fixée pour le mercredi 09 mars. Mais il s’agit là d’une date de lancement des préparations et non des négociations, ces dernières devraient débuter à partir du lundi 14 mars prochain. D’après les explications de Staffan de Mistura, reportées par Le Point : « Certains participants arriveront le 9. D’autres, en raison des problèmes de réservation d’hôtel, arriveront le 11 et d’autres encore le 14 ».

En parlant des participants, l’opposition reste très réticente à participer aux discussions soulève l’hebdomadaire. En effet, le Haut Comité de Négociations (HCN) estimait que « les conditions n’étaient pas propices » rappelle-t-il.

Et pourtant, « l’opposition syrienne a fini par accepter » annonce RFI. Par le biais d’un communiqué de presse, publié le vendredi 11 mars,  Riad Hijab, le représentant du HCN, a déclaré qu’il « se rendra finalement à Genève, pour faire cesser le bain de sang et pour tenter de trouver une solution politique ».

 

Les points de discorde persistent

Lors de ces discussions, l’accent sera surtout porté sur trois sujets importants, explique Le Monde, dont : la mise en place d’un nouveau gouvernement incluant toutes les parties en présence, l’élaboration d’une nouvelle constitution et la tenue des élections dans les huit mois à venir. Mais ce programme n’a rien de nouveau, d’ailleurs avec ironie, RFI rappelle que « comme à chaque fois lors des précédentes tentatives, c’est de l’avenir de Bachar el-Assad qui sera la principale pomme de discorde ».  Néanmoins, soulève-t-il, « un seul élément nouveau est susceptible de peser sur la rencontre », en faisant allusion à la trêve qui a débuté le samedi 27 mars en Syrie. En effet, explique-t-il, Staffan de Mistura espère que la trêve va « faciliter le dialogue entre le régime et l’opposition ».

Par contre, les « lignes de fractures n’ont pas disparu » soulève Libération.  D’une part, le HCN maintient que « le président Assad n’avait pas sa place dans une future Syrie », de l’autre, Damas demande à inclure les kurdes aux discussions explique le quotidien. De plus, « la trêve a encore été violée vendredi » ajoute-t-il tout en rapportant que « l’aviation syrienne est entrée en action pour le deuxième jour contre des secteurs rebelles à Alep causant la perte de sept civils, dont deux femmes et deux enfants ».

Et ces fractures commencent déjà à se faire sentir puisque le samedi 12 mars, Walid al Moualem, le ministre syrien des affaires étrangères, a souligné que « l’opposition se faisait des illusions si elle pensait mettre sur la table à Genève, l’avenir du président Assad ». Une déclaration qui a rapidement fait son effet. En effet, le HCN a accusé Damas de « torpiller les discussions avant même qu’elles ne commencent » rapporte Europe1, tandis que les Etats-Unis et la France qualifient ces déclarations de « provocation» de la part du régime.

 

Mais les pourparlers ont finalement débuté

Malgré une telle tension, les pourparlers ont finalement débuté le lundi 14 mars. Dans son édito, Paris Match rapporte les grands points de cette première journée de discussions.

Cette journée a été marquée par l’entretien entre Staffan de Mistura et Bachar al-Jaafari, le négociateur en chef du régime de Damas, qui a duré plus d’une heure. D’une manière générale, ce premier entretien est assez prometteur soulève le magazine. En effet, Mistura a expliqué qu’il avait « permis de clarifier un certain nombre de questions, notamment de procédure ». De son côté, Jaafari a indiqué qu’il a fait part aux émissaires « des éléments de base pour une solution politique » tout en insistant « Nous voulons un dialogue entre syriens, mais sans condition préalable ».

Le prochain entretien avec le régime devra avoir lieu le mercredi 16 mars prochain et sera centré sur la mise en place d’un organe de transition informe Paris Match. L’opposition, quant à elle, devra s’entretenir avec Mistura ce mardi 15 mars et a promis de ne pas « se retirer des négociations, comme elle l’avait fait le mois dernier » ajoute le magazine.

 

Soudan du Sud : le théâtre d’une série de massacres

Pendant ce temps, les atrocités commises au Soudan du Sud ont été étalées au grand jour. En effet, l’ONU et Amnesty International ont publié successivement un rapport dénonçant la situation catastrophique des droits de l’homme au Soudan du sud. 

 

Crimes contre l’humanité

Mais alors que toute l’attention est portée sur la guerre en Syrie, une autre guerre aussi sanglante se déroule depuis 2013 au Soudan du Sud. Depuis, la population est victime de plusieurs actes d’atrocités, Le dauphiné Libéré parle de « massacre sous silence« . Un massacre dont témoigne le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme  dans son rapport choquant, publié le vendredi 11 mars, qui décrit plusieurs  atrocités comme les meurtres, les viols et les pillages qui pourraient constituer des « crimes de guerre » et des « crimes contre l’humanité » souligne .

Le rapport fait état d’au moins 702 enfants victimes de violences sexuelles depuis 2013 et de plus de 1.300 viols dans un seul des dix Etats du pays soulève Le dauphiné Libéré. Selon l’ONU, « le viol est utilisé en guise de salaire pour récompenser les soldats du régime ».

En outre, le rapport relate aussi les tortures et les atrocités commises par des éléments des forces pro-gouvernementales aux civils qui sont soupçonnés de soutenir l’opposition.  Sans distinction, hommes, femmes et enfants handicapés ont été « assassinés, brûlés vifs et asphyxiés dans des conteneurs, tués par balle, pendus dans des arbres ou découpés en morceau » ajoute-t-il.

 

Crimes de guerre

De son côté, Amnesty International a publié un rapport sur le meurtre par asphyxie de plus de 60 hommes et garçons. Ce rapport a été élaboré suite aux nouveaux éléments de preuves recueillis par l’organisation souligne 20minutes.fr. L’horreur s’est produite dans l’enceinte d’une église catholique à Leer, dans l’Etat de l’Unité précise le site d’information.

Selon les 42 témoins dont 23 ont, soit assistés aux enlèvements, soit assistés à l’enterrement : les hommes et les garçons du village de Luale et de Leer ont été arrêtés illégalement, par des soldats gouvernementaux, entre le 20 et le 23 octobre 2015. Ils ont été ensuite enfermés dans un conteneur ne disposant ni de fenêtres, ni de système d’aération et laissé au soleil. Quelques heures après, un seul des prisonniers a survécu pendant que les corps de ceux qui ont décédé ont été transportés dans une fosse à ciel ouvert du côté de Kulier.

Ce crime a été évoqué, pour la première fois, en février dernier par la Commission de surveillance et de l’évaluation (JMEC) de l’accord qui a été conclu le 26 Août dernier rappelle I-Télé sur son site officiel. Et dans cet accord initial, JMEC a affirmé que ceux qui avaient survécu ont été ensuite achevés soulève le site d’information.

 

Un bilan sous-estimé

Si les divers cas de tortures et de massacres ont été confirmés, le nombre de victimes exact reste incertain. Une situation que La Croix ne manque pas de dénoncer en titrant son article : « Au Soudan du Sud, les morts s’empilent et personne ne les compte ». L’ONU a avancé le nombre d’au moins 50.000 morts entre 2013 jusqu’en mars 2016. Or, International Crisis Group (ICG) a publié ce même nombre en 2014, rappelle le quotidien tout en soulignant que ICG « suit de très près ce conflit ».

D’ailleurs, selon un chiffre publié par des travailleurs humanitaires et officiels anonymes, le nombre pourrait avoisiner les 300.000 morts. Ainsi, le quotidien explique que ces 50.000 doivent surement être des victimes directes. Pourtant, il existe un grand nombre de décès liés à la famine (puisque les belligérants bloquent l’acheminement militaire) ou encore liés au manque de soins (après la destruction des centres de soin).

D’ailleurs, dans un entretien, Hervé Ladsous, le patron des opérations humanitaires de l’ONU a reconnu que « les Nations Unies avaient perdu le compte ». Certes, « le décompte des morts en zone de guerre n’est pas aisé mais pas non plus impossible » riposte La Croix. Et pourtant, cette absence de chiffres exacts est l’une des raisons pour laquelle, la guerre au Soudan du Sud ne fait pas la une de l’actualité internationale et que les responsables restent impunis. Raison pour laquelle, les enquêtes doivent être menées le plus vite que possible car « alors que les combats se poursuivent, le temps efface les preuves des massacres » souligne le quotidien.