Alep continue sa descente aux enfers

Enjeu stratégique de la guerre en Syrie, la bataille d’Alep s’intensifie de jour en jour. Sous les bombardements et privée d’aide humanitaire, la ville sombre davantage vers le chaos et ses habitants crient plus que jamais leur détresse.

 

« Enfer sur terre »

Depuis le 17 septembre dernier, la trêve a pris fin en Syrie et les affrontements ont aussi tôt repris, notamment à Alep. Mais alors que Damas et Moscou continuent leur progression, la partie Est d’Alep est devenue « l’enfer sur Terre ». D’abord, il y a les « pénuries » qui s’aggravent de jour en jour. Depuis plus de deux mois, la ville ne peut plus s’approvisionner rappelle Le Figaro. Ainsi, « certains produits de base, comme le sucre, ne sont plus disponibles » et le prix a explosé pour les quelques produits toujours existants. En outre, les hôpitaux font face à une importante pénurie de médicaments et de sang. Contacté par Libération, Ahmad, aide-soignant dans un hôpital de campagne, a avoué que les médecins sont obligés de « laisser mourir certains malades pour en sauver d’autres ».

Mais le calvaire est loin d’être terminé pour les hôpitaux puisqu’ils figurent aussi parmi les cibles. D’ailleurs, « c’est une technique de guerre tristement célèbre » souligne Le Parisien.  Et le régime de Bachar Al-Assad et son allié russe l’ont utilisé plus d’une fois. En effet, le 29 septembre dernier, le Washington Post  a rapporté les bombardements effectués par les forces progouvernementales sur deux hôpitaux d’Alep. Fort heureusement, ces attaques n’ont fait que trois blessés mais ont mis temporairement les hôpitaux hors-service.

Le lundi 3 octobre dernier, c’est « M10 », le plus grand hôpital d’Alep qui a été ciblé. Si l’attaque a fait trois morts parmi les personnels de l’établissement, elle l’a aussi complètement détruit. Dans un communiqué, Syrian American Medical Society (SAMS), ONG médicale soutenant l’hôpital a déclaré : « l’hôpital n’est plus utilisable, il ne peut plus être réhabilité ». Avec ce nouveau bombardement, il ne reste donc plus que cinq hôpitaux encore opérationnels à Alep-Est a indiqué RFI.

 

Des héros parmi les civils

Au milieu de ce drame, il y a ces civils transformés qui se font appeler les casques blancs. Ceux que Le Courrier International surnomme « héros ordinaires de la guerre civile » étaient des « coiffeurs, des ouvriers, des vendeurs de tapis, commerçants, techniciens, artisans ou étudiants ». Il y a  deux ans et demi, ils ont fondé la « Défense civile syrienne ». Une organisation apolitique qui mène des opérations de secours dans les zones tenues par les rebelles explique FranceInfo. Chaque jour, ils sont plus de « 3.000 volontaires à dégager les corps des victimes des bombardements » et ont déjà sauvé « plus de 60.000 personnes depuis le début de la guerre ».

Le 29 septembre dernier, un indépendant a partagé sur les réseaux sociaux un sauvetage émouvant mené par ces casques blancs. On y voit un homme ému aux larmes tout en tenant une petite fille couverte de sang et poussières dans ses bras. Apportant plus de précisions sur cette vidéo, LCI a expliqué que le sauveteur venait de sauver la petite Wahida d’à peine un mois des décombres d’un immeuble bombardé à Idlib.  La chaine d’information raconte que le casque blanc « a creusé, presque sans espoir, les décombres d’un immeuble bombardé de quatre étages, après avoir entendu les pleurs d’un bébé ».

Et si cette vidéo a été émouvante, elle a surtout étalé au grand jour l’action des casques blancs en Syrie. Des actions qui ont été récompensées puisqu’ils ont reçu le prix Right Livelihood en septembre dernier rapporte Le Huffington Post. Selon les explications fournies par le quotidien, il s’agit d’un prix « Nobel alternatif » décerné par une fondation privée suédoise chaque année. Mais la fondation n’est pas la seule à avoir remarqué leur travail. En effet, leur action a aussi attiré le monde hollywoodien qui estime que les casques blancs devrait remporter le Nobel de la Paix dans la remise se tiendra le 7 octobre prochain. Pour ce faire, Netflix a réalisé un documentaire consacré à leur travail sur le terrain informe France24. Intitulé « Les Casques Blancs », ce documentaire est digne « d’une nouvelle série » et pourtant « les images sont bien réelles » soulève la chaine d’information.