Braconnage : une touche féminine dans la lutte

En Afrique du Sud, 26 femmes non armées se sont engagées dans la lutte contre le braconnage. Cette patrouille appelée Black Mambas (Mamba Noires) a fait chuter cette pratique illégale depuis trois ans. Toutefois, la mort de deux rhinocéros en septembre rappelle toute la difficulté de cette lutte.

 

Un trafic lucratif qui a fait exploser le braconnage

Selon la Convention internationale sur le commerce d’espèces sauvages (Cites), le trafic alimenté par le braconnage est un business lucratif qui s’élève à 20 milliards de dollars par an. Il tient donc la quatrième place dans la liste des commerces illégaux, après celui des armes, de la contrefaçon et des êtres humains. La demande de corne de rhinocéros et d’ivoire d’éléphants est énorme en Chine et au Vietnam. Persuadés des vertus de ces cornes, les riches asiatiques sont prêts à payer jusqu’à 50 000 euros le kilo.

Ce trafic a fait exploser le braconnage dans les pays africains durant ces dix dernières années. L’Afrique du Sud abrite 80 % de la population mondiale de rhinocéros. En 2014, 1 215 individus ont été tués. Pour arrêter ce massacre, le pays a autorisé le commerce des cornes. Le Zimbabwe a procédé d’une autre manière pour lutte contre le braconnage. Le pays a décidé de décorner 700 rhinocéros pour démotiver les braconniers. Concernant les éléphants, leur population en Afrique a été réduite de 20 % en dix ans. « L’effectif total du continent est maintenant estimé à 415 000 éléphants », révèle l’Union internationale pour la convention de la nature (UICN).

L’engagement des Mambas Noires

Cette unité anti-braconnage d’Afrique du Sud est née de l’initiative de Craig Spencer, Directeur de la réserve naturelle de Balule, dans le nord-est du pays. Sans armes, les Mambas Noires patrouillent six heures par jour dans cette réserve privée de 40 000 hectares. Ces femmes doivent contrôler les grillages électriques et guettent les coups de feu pour prévenir d’éventuels braconnages dans le secteur. Cette stratégie a fait chuter le braconnage de 76 %. Ce résultat a valu au groupe le prix Innovation in Conservation, décerné pour la première fois par l’organisation britannique Helping Rhinos.

Toutefois, le bilan de trois ans sans braconnage des Mamba Noires est assombri par la récente perte de deux rhinocéros, dont une femelle enceinte, dans la réserve. Les membres de l’unité sont profondément touchés : « c’était horrible ! Nous nous sommes senties personnellement responsables. (…) Trois rhinocéros (y compris le petit), c’est beaucoup ».

L’efficacité des Mambas Noires ne doit pas être remise en question après cet incident, il faut plutôt penser à dynamiser la communication et le relais entre cette unité de reconnaissance et la troupe d’intervention armée. Par ailleurs, comme la nature fait bien les choses, les éléphants ont compris comment éviter les braconniers. En effet, ces pachydermes considérés comme un des plus intelligents des animaux ont appris à distinguer les gardes forestiers des braconniers et à éviter les zones à risque.