Argentine : des frigos solidaires pour une distribution de nourriture plus digne

En Argentine, des frigos installés sur les trottoirs fournissent de la nourriture à ceux qui avaient autrefois l’habitude de fouiller les poubelles.

 

Les frigos solidaires

Ce concept du « Frigo solidaire », initié en Allemagne, Espagne et Inde il y a quelques années, s’est propagé en Argentine avec l’explosion du chômage et de l’inflation, 40 % par an. L’idée est que l’on ne voit pas que ces personnes font la manche. « Qu’elles arrivent et se servent sans que personne ne leur donne. C’est un concept plus solidaire et plus digne », explique Gabriel Shneider, responsables de l’ONG Red Solidaria. Les restaurateurs alimentent ces frigos par les invendus pour éviter de gaspiller la nourriture et en donner aux plus pauvres dans de bonnes conditions.

Un frigo se distingue parmi la cinquantaine qui sont apparus ces derniers mois dans l’ensemble du pays, il est situé sur la place de Mai, juste devant le palais présidentiel à Buenos Aires. Un panneau portant l’inscription « prends ce dont tu as besoin » invite ceux qui sont dans le besoin à s’y servir. L’augmentation des prix des aliments n’affecte pas seulement les plus démunis mais également les citoyens moyens, comme le mentionne le restaurateur Luis Pondal : « Il n’y a pas que les SDF qui fouillent les poubelles à la recherche d’un bout de pain ou de légumes mais aussi des gens biens habillés qui ont l’air d’avoir un travail. Manger est devenu trop cher en Argentine. »

 

La troisième économie d’Amérique latine est pauvre

L’Argentine est connue pour être le leader mondial de l’exportation de farine et d’huile de soja. Elle est également le quatrième producteur de maïs. Pourtant, le pays connaît aujourd’hui une crise économique accompagnée d’une augmentation du chômage et d’une flambée du coût des services publics. D’après un rapport de l’Université catholique d’Argentine (UCA), 13,8 millions d’Argentins vivraient actuellement en dessous du seuil de pauvreté, soit un tiers de la population.

La population, à l’image du restaurateur Luis Pondal, est indignée par le nombre de personnes dans le besoin face à une forte abondance alimentaire, voire au gaspillage. Les initiatives comme celle-ci apparaissent donc peu à peu sans qu’aucune loi n’encadre la distribution d’aliments. Heureusement, certains donateurs prennent conscience de l’importance d’une inspection des services de la Mairie comme le cas de Maria Belen Aragon qui préfère distribuer les plats en mains propres.

Les autorités locales de certaines régions saluent ces initiatives et encouragent les commerçants à établir des normes de contrôle et de présentation des aliments en leur réduisant leurs impôts. Un nouveau concept est également en train d’apparaître en Argentine : Plato Ileno (Assiette pleine).  Dans ce concept, une ONG récupère le surplus de nourriture dans les fêtes et événements d’entreprises, puis les redistribue. Ce sont autant d’initiatives solidaires à prendre comme exemple pour le reste du monde.