Beni : Stop au massacre !

Après un an et demi de violence passée sous silence, le sang continue à couler à Beni. La mobilisation des congolais sur les réseaux sociaux depuis le massacre de la semaine dernière a dévoilé aux yeux du monde l’horreur qui se perpétue dans cette partie du Nord-Kivu.

 

#JeSuisBENI

#JeSuisBENI ! C’est avec ce hashtag que les internautes dénoncent les massacres attribués aux rebelles ougandais (ADF) en Béni, territoire du Nord-Kivu en République démocratique du Congo, depuis le début octobre 2014. Des massacres qui sont passés sous silence alors qu’ils ont déjà fait pas moins de 600 morts.

Pourtant, à chaque jour qui passe, le nombre de victimes ne cesse d’augmenter. Et la présence de l’armée congolaise appuyée par les casques bleus de la Monusco ne semble rien changer à la situation. Comme preuve, une vingtaine de personnes ont perdu leur vie la semaine dernière suite à une attaque sanglante. En effet, dans la nuit du mardi à mercredi 11 mai dernier (vers 19 heures locales), des hommes armés ont attaqué les villages de Mapiki et Sabu. Arrivés sur les lieux, les assaillants ont découpé à la hache et à la machette plusieurs habitants et ont brûlé leur habitation rapportent des témoins. Selon Teddy Kataliko, président de la société civile du Nord-Kivu, sept civils auraient été tués à Mapiki et quinze à Sabu.

Face à de tels massacres qui restent impunis, il est hors de question de croiser juste ses bras. C’est justement pour cette raison que le hashtag #JeSuisBéni a été lancé depuis le mercredi 11 mai dernier. Peut-être qu’avec cette mobilisation sur les réseaux sociaux, le gouvernement congolais va prendre des mesures radicales pour stopper le massacre et rétablir la paix dans ce territoire. Peut-être que la communauté internationale, dont l’ONU, va s’investir davantage auprès des habitants de cette partie du Nord-Kivu.

 

Beni en deuil

 « Par souci de solidarité », la société civile du Sud-Kivu a décrété ce vendredi 20 mai comme journée de deuil en commémoration des victimes des massacres de la semaine dernière. L’organisation appelle ainsi la population à se vêtir en noirs et à se rendre devant le bureau de coordination de la société civile à 9 heures locales.

Ce qui est particulièrement choquant dans cette situation, c’est l’attitude de celui qui est censé protéger et soutenir son peuple : Joseph Kabila. En effet, le président congolais a décidé de se taire face à une situation aussi catastrophique. Un silence qui ne fait qu’accroitre la colère des congolais qui estime qu’il ne mérite pas sa place. Lors des dernières séances plénières à l’Assemblée Nationale, plusieurs députés ont d’ailleurs menacé de quitter leur poste si le gouvernement ne prend pas rapidement des mesures pour arranger cette situation.

En tout cas, une opération conjointe entre le FARDC (armées congolaises) et la Monusco (casques bleus de l’ONU) a été lancée depuis le samedi 14 mai dernier. Par rapport aux précédentes opérations, d’importants moyens logistiques ont été mobilisés (drones, hélicoptères, forces spéciales) du côté du Monusco pour celle-ci. Quant à l’armée congolaise, de nouvelles unités ont été permutés et des régiments relevés. Reste à voir si cette coopération va être efficace vu que des tensions existent déjà entre les deux camps. En effet, l’ONU a récemment publié un rapport qui dénonce la participation de quelques militaires congolais dans ces massacres.