Une bonne qualité d’emplois pour lutter contre la pauvreté

Malgré d’importants efforts à travers le monde au cours de ces dernières décennies, la pauvreté n’a pas disparu. Et selon le dernier rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), elle risque même de persister au moins dans les quinze prochaines années si la qualité des emplois ne s’améliore pas.

 

Un rapport alarmant…

Le mercredi 18 mai dernier, l’OIT a publié son rapport annuel « Emploi et questions sociales dans le monde » édition 2016. Intitulé « Transformer l’emploi pour en finir avec la pauvreté », le rapport met l’accent sur l’impact des emplois de mauvaise qualité sur le développement d’un pays.

D’après l’OIT, près de deux milliards de personnes de la population des pays émergents et en développement, soit plus de 36%, vivent avec un revenu quotidien inférieur à 3,10 dollars par personne. Principale cause : la dégradation de la situation économique et sociale dans ces pays. Selon les estimations des Nations Unies, le nombre de chômeurs pourrait atteindre les 200 millions pour cette année.

Pourtant, avoir un travail n’est plus une garantie pour éviter la pauvreté. Et le rapport le démontre bien en affirmant que « plus de 80% des travailleurs pauvres ont un emploi salarié ». Comme principal problème, l’organisation pointe du doigt la pénurie d’emplois de qualité. En effet, la grande majorité des emplois sont liés à des activités agricoles qui sont rarement productives a souligné Guy Ryder, le directeur général de l’OIT. Dans 43 pays émergents et en développement, la pauvreté extrême touche plus d’un quart des travailleurs dans le dans le domaine de l’agriculture, 12% de ceux qui employés dans des industries et 7% pour ceux qui travaillent dans les services.

Ainsi, on remarque alors la persistance des inégalités qui se creusent que ce soit au niveau de chaque pays ou au niveau international. Et sur ce point, le rapport souligne la part de responsabilité de chaque individu et chaque pays riche en déclarant : « Dans un monde où les ressources sont limitées, les retombées de la croissance profitent davantage aux riches, la marge de manœuvre pour réduire la pauvreté s’en trouve limitée ».

 

Améliorer les emplois pour combattre la pauvreté

Ainsi, il sera donc difficile d’atteindre l’objectif fixé par les Nations Unies, en septembre 2015, sur l’éradication de la pauvreté dans le monde d’ici 2030. Selon les estimations de l’OIT, il faudra encore atteindre « 600 milliards de dollars par an de transferts sociaux, de pensions et d’aides » pour y arriver. Ce qui « n’est pas réaliste » pointe Raymond Torres, conseiller spécial de l’OIT.

Par contre, le rapport indique que l’amélioration de la qualité des emplois pourrait faciliter les choses. « Si nous prenons au sérieux ce programme de développement durable, si nous voulons mettre un  terme au fléau de la pauvreté qui se transmet de génération en génération, alors nous devons mettre l’accent sur la qualité des emplois dans tous les pays » estime Ryder.

Pour cela, le rapport a avancé quelques recommandations. D’abord, chaque pays devrait faciliter la transition des entreprises informelles (notamment celles dans l’économie rurale) vers les entreprises formelles qui proposent des contrats de travail. Avec ce contrat, le travailleur aura accès à une protection sociale, à un salaire minimum et aux différentes aides. L’OIT recommande même la création des entreprises durables. Ensuite, il faut que les gouvernements et les entreprises renforcent les droits au travail (santé, sécurité, partenariats sociaux, protection sociale et lutte contre la discrimination) et facilitent aux collectifs des travailleurs de mieux les représenter auprès de la justice.

Par ailleurs, les normes et les politiques de réduction de la pauvreté doivent être renforcées au niveau de chaque pays pour que les efforts déjà établis ne soient pas compromis. Et, il faut lutter contre la corruption qui est un fléau particulièrement dévastateur puisqu’elle enrichit les riches et appauvrissent davantage les pauvres.