Burundi : l’ONU appréhende un génocide

Les Nations Unies ont publié ce mardi 20 septembre 2016 à Genève un rapport inquiétant qui évoque l’éventualité que des crimes contre l’humanité ont été commis au Burundi. Les 3 experts qui ont mené l’enquête appellent à des procédures judiciaires indépendantes internationales.

 

Les droits de l’homme transgressés

Plus d’un an s’est écoulé depuis le début de la crise politique pendant laquelle beaucoup trop de victimes innocentes ont perdu la vie au Burundi. Les troubles semblent se tasser en apparence ces derniers temps. Mais à croire le rapport de 33 pages communiqué à Genève par l’ONU ce mardi 20 septembre 2016  concernant les violences dans ce pays, nombre de personnes affrontent encore des exactions sous différentes formes.

Fruit de longs mois d’investigations de 3 experts onusiens et deux séjours desdits enquêteurs au Burundi, ce rapport dénonce que « ces violations graves sont systématiques et constantes et l’impunité est omniprésente ». « Le gouvernement et des personnes dont l’action peut être attribuée au gouvernement » s’avèrent être les principaux coupables de ces actes. Les victimes sont essentiellement  des personnes qui se sont opposées de quelque manière que ce soit au 3ème mandat de l’actuel président ou tout simplement des gens  « perçus comme des dissidents politiques ».

Des traitements inhumains

Bien qu’aucune statistique précise et exhaustive ne puisse être fournie sur les violences au Burundi, ce récent rapport de l’ONU en plus de celui en date du 30 août 2016 résume approximativement la gravité de la situation.  En effet, 564 cas d’exécutions recensés depuis le 26 avril 2015 ont déjà été rapportés préalablement par ledit rapport du 30 août. Les disparitions forcées, l’incarcération injuste et les tortures viennent assombrir davantage le tableau. Effectivement, 17 formes d’exactions tous plus cruelles les unes que les autres,  sont énumérées dans ce compte-rendu. « La fixation de poids aux testicules de la victime, le broyage des doigts et des orteils avec une pince, des brûlures progressives au chalumeau ou être forcé à s’asseoir sur de l’acide, du verre brisé ou des clous » sont exemplairement quelques-uns des traitements qui ont été exposés anonymement aux enquêteurs. Des actes de violences sexuelles contre des femmes, des filles ou des hommes (la plupart en détention) ont été aussi rapportés.

Les interventions de la communauté internationale réclamées

La demande des 3 experts concernant ce drame est claire afin d’éviter « la spirale descendante du pays ». Ils lancent l’appel « aux Nations Unies, en particulier au Conseil de sécurité, de s’acquitter efficacement de son mandat de maintien de la paix et de la sécurité et… de protéger les populations civiles des menaces de violence physique, sous le chapitre VII de la Charte des Nations Unies ». Selon eux, il serait également mieux de remettre en question le fait que le Burundi soit un membre du Conseil des droits de l’homme à l’ONU. Ils proposent éventuellement de le retirer de cet organisme tant que « les violations qui ont été commises ne sont pas traitées d’une manière appropriée ». C’est la première fois depuis ses 10 ans d’existence qu’une telle proposition d’exclusion se présente au sein de cette organisation de l’ONU.

Vu que l’ensemble des procédures de règlement à l’amiable ont essuyé un échec cuisant, l’ONU préfère agir autrement désormais. Le gouvernement burundais est donc appelé à « arrêter immédiatement la perpétration des crimes» s’il veut éviter des sanctions de la part de la communauté internationale.