Calais : le démantèlement de la « jungle » se poursuit

Après plusieurs reports, le démantèlement de la « jungle » de Calais a finalement débuté le lundi 24 octobre dernier. Depuis, 4.041 migrants ont été mis à l’abri et l’opération continue même si les inquiétudes des ONG persistent.  

 

Une évacuation dans le calme…

Comme prévu, le « démantèlement de Calais » a été lancé lundi dernier. Aux aurores, une longue file d’attente se formait déjà devant le centre d’enregistrement. Il s’agit d’un hangar de 3.000 mètres carrés situé à 300 mètres de la jungle. En première ligne, les soudanais, les érythréens et les éthiopiens semblaient plus déterminés que les afghans. De leurs côtés, les autorités renforçaient la sécurité des alentours. Selon les informations, 1.250 policiers ont été mobilisés en plus des 2.100 agents déjà présents sur place.

Vers 8h, le centre a ouvert ses portes et les premiers migrants ont été reçus par les équipes de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) et de la sécurité civile. Répartis en quatre files (hommes seuls, femmes, mineurs et personnes vulnérables), les migrants devaient choisir entre deux régions qui leur étaient proposées. En fonction de la région choisie, chaque migrant devait porter un bracelet avant de monter dans le bus y correspondant. Vers 8h30, le premier bus a pris la route vers la Bourgogne. Et une heure plus tard, six autres bus se remplissaient et quittaient les lieux pour rejoindre l’un des onze départements concernés par la répartition.

En tout, 2.318 migrants ont été évacués à bord de 45 bus vers l’un des 280 Centres d’accueil et d’orientation. Un bilan plutôt positif pour les autorités qui prévoyaient, à la base, l’évacuation de 2.400 migrants pour cette première journée. De leurs côtés, les ONG semblaient aussi satisfaites. Questionné sur le sujet, Pierre Henry, directeur général de France Terre d’Asile a déclaré : « C’est conforme à nos attentes, et finalement assez logique que ces personnes veuillent simplement fuir la misère, le froid, la violence qui peut régner dans ce bidonville ».

 

…mais les inquiétudes persistent

Le mardi 25 octobre, l’évacuation se poursuivait et le premier bus a quitté les lieux dès 7h du matin. En parallèle, les autorités ont entamé la démolition des tentes et des cabanes désertés dès le début d’après-midi. Pour cette deuxième journée, 1.696 migrants ont quitté la jungle soit 4.014 migrants en deux jours. Un bilan qui ravit la préfète Fabienne Buccio : « Les gens viennent volontairement ». Mais la route reste encore longue avant de raser pour de bon la jungle. En effet, si on se réfère au dernier recensement, il reste encore plus de 2.400 migrants dans le plus grand bidonville de France. Et, une grande majorité d’entre eux ont exprimé leur refus de partir.

D’ailleurs, depuis l’annonce du démantèlement, entre 1.000 et 1.500 migrants ont fui le campement. Et c’est justement cela qui inquiète les ONG. D’une part, cette situation pourrait mener à la formation de nouveaux camps de fortune et de l’autre à la « chasse aux migrants ». Pour Frank Ensee, le chef de mission de MSF : « On doit continuer de penser l’accueil et le transit des personnes à Calais et dans la région » souligne-t-il.

Par ailleurs, le cas des mineurs isolés continue aussi à inquiéter les ONG. En effet, le transfert des 1.300 mineurs recensés dans le camp prend du temps. Certes, 400 d’entre eux ont été placés en CAO mais l’avenir du reste est toujours incertain. Il est à noter que les migrants de moins de 18 ans bénéficient d’un programme qui leur permettra de rejoindre leur famille en Grande-Bretagne. Mais la sélection est rude et les mineurs ayant admis se font au compte-gouttes. Evalués au faciès, plus d’un tiers des candidats en ont été exclus. Une situation qui irrite les ONG qui jugent la sélection « illégale » et « inacceptable ».