En trois jours, 5.596 migrants ont été mis à l’abri et les autorités comptent achever rapidement le démantèlement. Mais si le compte à rebours est lancé pour la « jungle » de Calais, quelques mineurs n’ont toujours pas quitté les lieux.
La fin de la jungle ?
Au troisième jour d’évacuation, l’ambiance a été particulièrement tendue dans la « jungle » de Calais. Et pour cause, plusieurs incendies se sont déclarés le mardi 25 au midi jusqu’au mercredi 26, dans le soir. Il s’agit d’une « tradition de la communauté afghane » consistant à brûler leur cabane avant de partir, a expliqué la préfecture du Pas-de-Calais.
Une situation anticipée par les ONG qui ont distribué plusieurs extincteurs à des migrants, en amont. D’ailleurs, le même phénomène s’est déjà produit lors du démantèlement de la partie sud de la jungle. Quoi qu’il en soit, quatre migrants afghans ont été interpellés et les bonbonnes de gaz ont été regroupées pour éviter une explosion.
Malgré ces incidents, la journée s’est tout de même conclue par l’évacuation de 1.348 personnes. Parmi eux, une centaine de mineurs ont été transférés dans un centre d’accueil spécial situé dans la Meurthe et Moselle a précisé Pierre Henry, directeur général de France Terre d’Asile. En tout, ce sont donc 5.596 migrants issus de la jungle qui ont été mis à l’abri. Un bilan qui satisfait particulièrement Fabienne Buccio, la préfète a ainsi déclaré : « Notre mission est remplie et une page se tourne ».
Mais les ONG ne partagent pas du tout cet optimisme. La raison en est simple : la « jungle » n’a pas été complètement vidée. Mercredi soir, 1.385 repas ont même été distribués a rapporté Secours Catholique. « Il y aura toujours des migrants car beaucoup de personnes veulent rejoindre leur famille et rejoindre l’Angleterre » a précisé Mariam Guerey, une bénévole de l’association. Parmi ces migrants, 80 mineurs isolés ont dû passer la nuit sous les étoiles devant le centre de transit car le centre d’accueil provisoire affichait déjà complet.
Quel avenir pour ces mineurs oubliés ?
Jeudi matin, les portes du centre de transit sont restées fermer. Une décision prise par la préfecture qui redoute un « appel d’air ». Ainsi, les jeunes qui se sont regroupés devant la porte ont été repoussés sans violence par les forces de l’ordre. « Le sas est fermé et il le restera » martèle Fabienne Buccio. Selon la préfète, ces migrants ne font pas partie de ceux qui ont été enregistrés dans la Lande.
D’ailleurs, quelques clichés pris par des journalistes confirment bel et bien que d’autres migrants ont débarqué hier soir. Toutefois, un mineur reste un mineur et « doit être pris en charge pour bénéficier du même dispositif de regroupement familial que les autres » déplore Samuel Hanryon de Médecins Sans Frontières.
Or, le programme en question est très controversé par les associations. Et pour cause, la sélection se fait au faciès d’où l’admission au compte-gouttes. Sur les plus de 600 demandes, seuls 273 mineurs ont jusque-là obtenu la permission de rejoindre un proche Outre-Manche. Ceux qui ne correspondaient pas aux critères ont été transférés dans des centres spécialisés.
L’avenir de ces mineurs bloqués à Calais reste donc incertain. Pourtant, les travaux de démolition ont commencé dès 8h30 dans la partie Ouest de la jungle. Et ils vont être accélérés car la préfecture a fixé pour « lundi soir », le dead-line du démantèlement.