COP21 : un accord salué mais déjà contesté

La conférence climatique qui s’est déroulée au Bourget s’est conclue samedi dernier par la signature d’un accord mondial sur la lutte contre le climat. Que propose exactement cet accord, et répond-t-il réellement aux attentes des défenseurs du climat ?

 

L’accord de Paris : un accord universel

Dans son éditorial, Paris Match titre « accord adopté à la COP21 ». En effet, dans la soirée du samedi 12 décembre, vers 19h30, Laurent Fabius a annoncé l’adoption de l’accord par les 196 « parties » (195 pays et l’Union Européenne). En « 29 articles, l’accord de Paris pose le cadre de la lutte contre le changement climatique à partir de 2020 et sans échéance finale » rapporte La Croix. Pour le Huffington Post « Si cet accord est avant tout un succès, c’est bien évidemment une question de climat diplomatique ». C’est effectivement, la toute première fois dans l’histoire qu’une convention sur le climat a pu réunir autant de personnalités diplomatiques. Le quotidien ne manque d’ailleurs pas à lancer une fleur à la présidence française : « Mais le rôle de la France dans tout ça n’est pas à négliger, surtout celui de Laurent Fabius » déclare-t-il. En effet, tout au long de la journée du samedi, le président de la COP n’a cessé d’encourager les délégations rappelle Paris Match en rappelant une partie de son discours : « Ce texte, le nôtre, constitue le meilleur équilibre possible, puissant et délicat. Il permettra à chaque délégation de rentre chez soi la tête haute ». Sur la même lancée, François Hollande a aussi tenu un « discours court mais avec une injonction claire » : « L’accord ne sera parfait pour personne si chacun le lit à la lumière de ses seuls intérêts » en référence aux pays récalcitrants ajoute le magazine.

 

Les points clés de l’accord de Paris

Mais que stipule réellement l’accord ? La Croix a consacré toute une page pour expliquer « les principaux points de l’accord de Paris ». D’abord, « l’objectif de long terme » qui prévoit « une formule de compromis » afin de limiter le réchauffement climatique à 2°C voire même 1,5°C, et chaque pays s’est engagé à atteindre « un pic des émissions de gaz à effet de serre le plus tôt possible ». Puis, « le mécanisme de révision » prévu tous les cinq ans et dont la première révision aura lieu en 2025 mais « un premier point » se fera en 2018. Ensuite, « les financements » : « l’accord confirme le versement par les pays développés de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 aux pays en développement pour les aider à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Cette somme est présentée comme un plancher ». Et « innovation majeure » pour ce point, d’autres pays (la Chine, le Brésil et les pays pétroliers) sont « incités à fournir des aides sur une base volontaire ». Enfin sur la « transparence » : l’accord incite « toutes les parties à rendre des comptes » sur les efforts entrepris.

 

L’accord est constesté

Malgré ce succès, Le Point  se demande « s’il faut vraiment s’extasier devant un objectif de contenir l’augmentation de la température de la planète à 2°C alors que la réalité est bien autre ? ». Ainsi, l’hebdomadaire de droite explique que « les engagements de réduction des gaz à effet de serre conduisent à un réchauffement supérieur à 3°C », de plus, continue l’hebdo, « aucune date n’est mentionnée pour un pic d’émissions mondiales de gaz à effet de serre ». En outre,  la date finale « d’utilisation du pétrole » est laissée dans « le flou », tout comme la date pour « le remplacement des énergies fossiles par les énergies renouvelables » demandé par les ONG et « la création d’une taxe carbone » n’a pas été mentionnée. Parmi les points oubliés par l’accord, L’Obs se demande « où sont les financements pour le Sud ? ». Et c’est Armelle Le Compte de l’ONG Oxfam qui apporte des réponses là-dessus lors d’une interview qu’elle a accordée à l’hebdo : « en théorie, les financements d’adaptation doivent représenter la moitié des 100 milliards du Fond vert. Dans les faits, ils n’en représentent que 16%, parce que c’est une action qui n’est pas rentabilisable économiquement par les pays du Nord et qui, par conséquent, ne les intéresse pas ». Et ne mâchant pas ses mots Le Point ajoute: « Pour calmer les pays du Sud, il a fallu mentionner dans l’accord que cette somme de cent milliards devra être un plancher pour l’après 2020 avec un nouvel objectif chiffré devant être défini au plus tard en 2025 ». De plus, l’accord est loin d’être contraignant souligne Le Monde en expliquant que « la portée et la force des « shall » et les « should » se jouent dans les nuances ». Pour l’illustrer, le quotidien prend l’exemple des « contributions nationales de chaque pays » qui ne précisent aucune « valeur contraignante » et se reposent sur «la volonté». D’ailleurs, face à ces « insuffisances« , « 300 personnes se sont manifestées samedi à Nantes, à l’appel du Collectif Climat de Loire-Atlantique », ils accordent « un carton rouge » pour la COP21 rapporte L’Obs.