D’Alep à Paris : casse-tête de l’évacuation

Deux évacuations ont fait la une des actualités la semaine dernière : celle des habitants d’Alep-Est, en Syrie, et celle du camp de fortune installé à Saint-Denis, en France.

 

L’évacuation d’Alep, une opération délicate

Suite à un accord conclu entre la Russie et la Turquie, un « cessez-le-feu » est entré en vigueur à Alep-Est et les évacuations ont commencé. Malheureusement, plusieurs incidents se sont produits conduisant à la suspension fréquente de l’opération.

 

Une opération inespérée

 « Des images surréalistes » ! C’est ainsi que Le Huffington Post a décrit la longue colonne de bus et d’ambulances par dizaine en pleine évacuation à Alep-Est, le jeudi 15 décembre dernier. Une situation encore inimaginable la veille quand la trêve initiée par Moscou et Ankara partait en éclat, quelques heures à peine après son entrée en vigueur.

Mais comment se déroule cette opération délicate ? D’après les informations partagées par RFI, trois convois de 15 à 20 bus chacun et une dizaine d’ambulances ont été mobilisés. Au cours des quatre kilomètres de trajet à parcourir, chaque bus est accompagné par des voitures appartenant à la police syrienne et des militaires russes. Supervisant l’opération, le Croissant-Rouge syrien et la Croix-Rouge ont été vue sus sur place précise la chaine d’information.

Près de 9.500 personnes évacuées

Après quelques incidents, le premier convoi a finalement pu prendre la route en fin d’après-midi a rapporté Le Monde. Il partait du quartier d’Al-Amiriyah pour rejoindre celui de Ramoussa. De là, les civils et les rebelles étaient attendus par d’autres véhicules qui devaient les transporter vers le territoire rebelle dans l’Ouest de la province d’Alep.

L’opération s’est ensuite accélérée le vendredi 16 décembre au matin avant d’être brusquement arrêtée. Un journaliste de Reuters a rapporté que des bruits de tirs et d’explosions ont été entendus à Ramoussa. Mais que s’est-il passé ? « Chaque camp se renvoie la responsabilité » note Le Monde. De son côté, Damas accuse par le biais de la télévision d’Etat que « les groupes terroristes ont essayé de faire sortir des armes lourdes et otages ». Le Hezbollah racontait plutôt que des « manifestants » ont bloqué le passage pour réclamer « l’évacuation des villages chiites de Foua et de Kefraya ». Enfin, les rebelles mettaient la faute sur les miliciens chiites qu’ils accusent d’avoir tiré sur un convoi. Quoi qu’il en soit, cette opération a permis l’évacuation 9.500 personnes dont 4.500 rebelles et 337 blessés selon l’armée russe.

 

Une évacuation de plus à Paris

Pendant ce temps, une autre évacuation attirait aussi l’attention. Il s’agit du démantèlement du camp de migrants, installé sur l’avenue Président Wilson, Saint-Denis. Le tout premier depuis l’ouverture du centre humanitaire pour migrants à Paris.

322 personnes mises à l’abri

Après plusieurs semaines de répit, le même scénario s’est reproduit le vendredi 16 décembre dernier à Saint-Denis. Vers 9h30, les autorités ont entamé le démantèlement du camp de fortune installé sur l’avenue du Président Wilson a rapporté L’Obs. Depuis le 24 novembre dernier, plusieurs centaines de migrants y ont installé leurs tentes. Pour la préfecture de la région, cette évacuation est indispensable pour des « raisons de salubrité et de sécurité ».

En moins de deux heures, l’opération a été bouclée et la rue a été vidée. En tout, 322 personnes originaires du Soudan, de l’Afghanistan et de l’Erythrée ont été mises à l’abri. Elles ont été placées  dans des structures collectives à titre provisoire précise L’express. « L’objectif n’est pas de faire seulement de la mise à l’abri et de l’hébergement mais de réaliser un examen de l’ensemble des situations individuelles afin de les orienter ». Après examen de leur dossier, certains seront ensuite envoyés vers les centres d’accueil et d’orientation (CAO) pendant que d’autres devront entamer les procédures pour demander l’asile précise Le Parisien.

Le centre humanitaire saturé

Mais face à cette énième « mise à l’abri » de migrants, Libération craint le pire. Le quotidien prévoit même que « d’ici quelques semaines, de nouveaux campements ne manqueront pas de se reformer à Paris ou en petite couronne ». Et pour cause, le centre humanitaire pour migrants installé près de la porte de la Chapelle, ouvert depuis un mois, est déjà saturé. D’ailleurs, la majorité de ces personnes évacuées ont affirmé avoir tenté à plusieurs reprises d’obtenir une place auprès du site mais sans succès, souligne-t-il.

Face à cette saturation, la préfecture de la région a évoqué une extension de 150 places informe Le Figaro. La structure, dotée à la base de 400 lits devra donc pouvoir héberger 550 personnes. Par ailleurs, l’accueil ne sera plus fermé tous les samedis pour éviter qu’un flux ne se forme le lundi. Quoi qu’il en soit, la « fameuse bulle » a jusque-là accueilli 4.000 migrants. Parmi eux, plus de 1.500 ont été hébergés dans le hall de 10.000m2 du site dont 990 ont été ensuite conduits vers les CAO. Quant aux 318 mineurs isolés et 103 femmes, ils ont été transférés dans des structures adaptées