Daraya : la seconde Madaya

La reprise des combats en Syrie n’a fait qu’aggraver les conditions de vie dans les villes assiégées. Plus que jamais, les habitants bloqués crient leur détresse particulièrement ceux de Daraya qui sont privés d’aide depuis 2012.

 

Stratégie d’affamement

Ville contrôlée par les rebelles, Daraya (au Sud de Damas) a été assiégée par les forces gouvernementales en mois de novembre 2012. Depuis, la ville était devenue inaccessible même pour l’aide humanitaire, condamnant ainsi ses 8.000 habitants (100.000 avant la révolution) à la famine et à la précarité.

Au tout début, la ville s’approvisionnait auprès de Moadamiya, une ville voisine, qui est également assiégée. Mais depuis le début de cette année, les forces gouvernementales ont imposé un blocus entre les deux localités coupant ainsi tout échange. Et ce blocus n’a fait qu’aggraver les conditions de vie des habitants de Daraya.

En mois d’Avril dernier, les Nations Unies ont pu envoyer une équipe dans la ville pour évaluer les besoins. Envoyée sur place, Khawla Matar, la porte-parole de l’envoyé spécial des Nations Unies en Syrie, a pu recueillir des témoignages, des photos. Spontanément, les éléments recueillis rappellaient Madaya.

« Aujourd’hui, il y a urgence ! » s’alarmait Ahmad. En effet, privées de denrées alimentaires et de soins depuis trois ans, les personnes bloquées à Daraya survivaient avec un repas par jour : une soupe de lentilles accompagnée par un peu de riz ou quelques feuilles de salade.

Face à une telle situation, l’ONU, en collaboration avec le CICR et le Croissant rouge syrien, s’est dépêchée pour rassembler des kits chirurgicaux, des vaccins, des médicaments et de la nourriture rassemblés dans quatre camions. Le convoi aurait dû entrer à Daraya dans la journée du jeudi 12 mai dernier. Malheureusement, il a dû rebrousser chemin puisque le régime lui a bloqué la route. Pire encore, au lieu de recevoir de quoi se soulager, la ville a reçu des bombes de la part de Bachar Al-Assad.

 

Le régime s’est acharné sur Daraya

Il est à rappeler que Daraya est une ville importante pour l’opposition. En effet, la ville est l’une des pionnières du mouvement anti-Assad et continue à tenir tête au régime en refusant de coopérer avec le président syrien. Raison pour laquelle, les forces gouvernementales se sont particulièrement acharnées sur elle en la bombardant quotidiennement à coup de barils explosifs. Et si l’entrée en vigueur de la trêve, le 27 février dernier, a diminué les attaques, elle ne les a pas complètement arrêtées.

Quoi qu’il en soit, une fois de plus Bachar Al Assad cherche à s’imposer par la force. Malheureusement, ce sont les civils qui en payent les prix forts. « Nous exhortons les autorités responsables à permettre l’accès à Daraya, le pour que nous puissions retourner avec des médicaments et de la nourriture » a déploré CICR.

La ville de Daraya a perdu 90% de sa population ces trois dernières années, et la situation risque de s’empirer si les choses ne s’améliorent pas rapidement. Par ailleurs, il est à souligner qu’une autre dizaine de villes sont dans la même situation que Daraya et nécessitent un besoin d’aide humanitaire d’urgence.

En tout cas, Moscou et Etats-Unis, les principaux acteurs du dossier syrien, prévoient une rencontre le 17 mai prochain pour essayer de trouver un issu à cette guerre qui dure depuis plus de cinq ans et a coûté la vie à plus de 260.000 personnes dont, majoritairement des civils.