Migrants : où en-est l’accord ?

L’accord signé entre l’UE et la Turquie continue à faire couler beaucoup d’encres. En effet, les deux parties n’arrivent pas à trouver un terrain d’entente et l’accord est plus que jamais menacé. 

 

Un accord dans l’impasse

Le 9 mai dernier, les députés européens se sont réunis pour discuter de la de suppression de visas pour les ressortissants turcs, exigée par Ankara en vertu de l’accord qu’il a signé avec l’UE le 18 mars dernier. Et là-dessus, « Le ton monte entre l’UE et la Turquie » rapporte La Croix. Pour cause, le pays d’Erdogan refuse catégoriquement de modifier sa législation et principalement sa loi antiterroriste qui figure parmi les 72 critères imposés par l’UE. De plus, « la tension est montée d’un cran » soulève le quotidien depuis qu’Ahmet Davutoglu, le premier ministre turc, a été enlevé de sa fonction alors qu’il était l’artisan de cet accord.

Un accord qui est plus que jamais fragilisé. D’ailleurs, il « ne tient plus qu’à un fil » remarque Le Parisien. Les deux parties semblent camper sur leur position respective : « le président Recep Tayyip Erdogan accuse Bruxelles d’ingérence pendant que l’UE veut des garanties » explique le magazine. En effet, Erdogan estime que son pays a besoin de cette législation pour continuer sa lutte contre les séparatistes kurdes. De son côté, l’UE reproche au gouvernement turc de l’utiliser contre l’opposition et la presse. Face à cette impasse, les députés européens ne vont probablement pas adopter cet accord sur les visas avant l’automne soulève Le Monde. D’ailleurs, « A Bruxelles, beaucoup le pensent sans oser le formuler publiquement » continue-t-il.

 

Un accord controversé

En attendant, la polémique autour de l’accord ne cesse d’enfler. Pour Joanne Liu, présidente de Médecins Sans Frontières, cet accord est une « abdication historique » des responsabilités européennes rapporte Le Monde. Le vendredi 13 mai dernier, elle a partagé sa « profonde inquiétude » dans une lettre ouverte destinée aux dirigeants européens. « Alors que nous assistons au plus important phénomène migratoire de ces dernières décennies, l’Europe recule ainsi devant ses obligations légales et morales » a-t-elle déploré.

Par ailleurs, l’Espagne a qualifié l’accord de « travail bâclé » rapporte le site d’information Swissinfo. En effet, José Manuel Garcia-Margallo, le ministre espagnol des Affaires étrangères, a déclaré : « C’est pour que dans le fond la Turquie nous aide à ce que les réfugiés ne viennent pas massivement par la mer, c’est bien, avant ils risquaient leur vie et les mafias profitaient de leur malheur. Mais cela n’empêche pas que ça a été un travail bâclé et que cela la solution entre les mains d’un pays tiers ». Le ministre a aussi profité pour pointer du doigt l’insuffisance des efforts de l’UE pour l’accueil des migrants soulève le site d’information en rapportant sa déclaration : « Nous devons tous reconnaitre que l’effort que fait l’UE est très insuffisant ».

 

Un accord qui fait déjà ses preuves

Quoi qu’il en soit, force est de constater que l’accord fait déjà ses preuves. En effet, Libération rapporte que le nombre de migrants arrivés sur les îles grecques a diminué de 90% durant le mois d’Avril. Selon l’OIM, 3.360 arrivées ont été enregistrées le mois dernier contre 26.971 le mois précédent. Pour le quotidien, ce recul est en grande partie due à l’accord UE-Turquie et rappelle que cet accord stipule le renvoi de tous les migrants entrés illégalement en Grèce vers la Turquie.

Mais si la « Grèce souffle, l’Italie s’alarme » soulève TF1. En effet, la chaîne d’information rappelle que l’Italie est devenue la « nouvelle trajectoire » des migrants originaires de la Syrie, Yémen et Érythrée. D’ailleurs, malgré une baisse, l’OIM estime que 9.149 personnes sont entrées en Italie en mois d’Avril, soit trois fois de plus, rapporte L’Express. Mais, « la confusion règne sur ce sujet » remarque le quotidien puisque les garde côtes italiennes ont fait part de 800 migrants secourus ,le jeudi 12 mai dernier, alors que l’OIM a affirmé qu’il n’y avait que deux migrants syriens.