Migrants : polémique sur l’évacuation du lycée Jean-Jaurès

Mercredi matin, l’ambiance a été particulièrement tendue à Paris. Pour cause, les autorités ont entamé l’évacuation du lycée Jean-Jaurès dans lequel se sont installés une centaine de migrants depuis plusieurs semaines.

 

Des heurts….

Suite à la décision du tribunal administratif rendu le 29 avril dernier, les autorités parisiennes avaient l’ordre d’évacuer « avec un délai de grâce de 72 heures » les migrants qui se sont réfugiés dans le lycée Jean-Jaurès. Passé ce délai, les autorités ont lancé une opération d’évacuation dans la journée du mercredi 04 mai.

A 6h20, « des heurts ont éclaté avec les forces l’ordre » rapporte l’Agence France-Presse. En effet, plusieurs manifestants voulant apporter leur soutien aux migrants ont bloqué l’entrée du lycée explique Le Monde. Par conséquent, les policiers ont usé du gaz lacrymogène pour les disperser et pour libérer le passage. En réponse, les manifestants dont la majorité étaient cagoulés et masqués ont lancé des jets de projectiles et ont crié « tout le monde déteste la police » ajoute La Croix.

RTL rappelle que ce lycée a été occupé par des migrants originaires de l’Afghanistan, Yémen, Soudan, Erythrée et Somalie depuis la nuit du 20 avril dernier. En tout, ils étaient « un peu moins de 300 personnes » à s’y être installées et proviennent notamment du campement de Stalingrad précise la chaine d’information. Un campement « sauvage » où vivaient plus de 1.600 migrants soulève-t-elle.

 

De la résistance…

Selon la « Chapelle Debout », un collectif de soutien aux migrants, les CRS ont finalement pu accéder à l’établissement après avoir forcé une autre porte d’entrée en fer vers 7 heures. Au tout début, tout s’est déroulé dans le calme constate Maryline Baumard, envoyée spéciale du quotidien Le Monde. Les migrants qui se sont rassemblés dans le réfectoire ont été conduits dans la cour et toutes les issues ont été refermées derrière eux explique-t-elle. Ensuite, « un semblant de dialogue » s’est instauré entre les autorités et les porte-paroles de migrants qui réclamaient plus d’explications mais les réponses restaient vagues remarque la journaliste. Raison pour laquelle, plusieurs migrants ont rapidement exprimé leur réticence. En effet, « la formule ne convient pas aux résidents du lieu, car des sans-papiers craignent d’être renvoyés dans leurs pays, des dublinés d’être renvoyés en Italie ou en Hongrie où leurs empreintes ont été enregistrées » explique-t-elle. « C’est là que le ton change » et les autorités ont décidé d’y « aller par la force » soulève Baumard.

Vers 9h15, « un premier bus emmenant ces migrants, dont de nombreuses femmes, est parti, suivi de trois autres bus » rapporte Le Huffington Post. En tout, 277 migrants ont été recensés par la préfecture de Paris lors de cette évacuation. Parmi eux, les femmes et les enfants ont été conduits vers un centre Emmaüs pour obtenir un hébergement de jour et ensuite un hébergement stable. Le reste, soit 200 hommes, vont aussi bénéficier d’hébergement mais feront l’objet d’un « examen de leur situation administrative ». A la fin de l’opération, rapporte Le Figaro, Michel Cadot, le préfet de la police de Paris a fait un point de presse, durant lequel il a insisté : « Cette évacuation s’inscrit dans le respect du droit et dans l’exécution d’une décision de justice ».

 

Et une vague d’indignation

Mais cette déclaration est loin d’avoir convaincu la Chapelle Debout. Ainsi, Le Monde rapporte la déclaration de Clémentine Verschave, un des membres du collectif : « Ils les évacuent, mais il n’y a pas de place en hébergement à Paris. Ils vont se retrouver en hébergement d’urgence pour soixante-douze heures minimum. Ou dans un hôtel s’ils ont de la chance ».

Par ailleurs, « Cette évacuation n’a pas manqué de faire réagir la scène politique » soulève 20minutes. Le site d’information rapporte ainsi plusieurs réactions de personnalités politiques, notamment les déclarations émises sur leurs réseaux sociaux. Ainsi, on découvre le message de David Balliart, le conseiller écologiste de Paris, sur twitter qui estime que cette « évacuation est honteuse ». Sur la même lancée, Eric Coquerel, le porte-parole du Parti de Gauche pointe du doigt le fait que les élus venus sur place ont été catégoriquement « maintenus à l’écart ».

Suite à cette évacuation, une dizaine d’associations (dont la Fondation Abbé Pierre, le Samu social Paris, l’Armée du salut…) œuvrant auprès des migrants ont signé une lettre à l’encontre du gouvernement, le lundi 09 mai,  pour demander à ce dernier de « réaffirmer ses principes et de respecter ses engagements humanitaires et internationaux à l’égard de tous les migrants présents sur le territoire, à Paris comme à Calais ». Une chose est sure, remarque Le Monde : « la confiance n’est pas au beau fixe entre l’Etat et les humanitaires ».