Migrants : bras de fer entre UE et Turquie

Face à une crise migratoire qui lui échappe et sur laquelle elle n’a aucun contrôle, l’UE a demandé de l’aide auprès de la Turquie. Un accord est né de cette rencontre mais va-t-il tenir ? Quelles en sont les conséquences ?

 

Blocage sur les discussions

Un accord visant à gérer l’afflux de migrants vers l’Europe a été conclu entre l’UE et la Turquie le 18 mars dernier. En rappel, cet accord prévoit le retour de tous les migrants entrés illégalement sur le territoire européen vers Ankara. Mais son application est aujourd’hui plus que jamais menacée. Pour cause, l’exemption de visa pour les ressortissants turcs qui est un point central dans le pacte bloque actuellement les discussions.

En effet, l’UE impose comme condition primordiale de cette exemption de visas : la modification de la loi antiterroriste turque. Une demande qui a été fortement rejetée par Recep Tayyip Erdogan qui estime que son pays est actuellement en guerre contre le terrorisme.

Les deux parties se retrouvent donc dans un féroce bras de fer. D’un côté, le président turc fait sa forte tête et de l’autre, l’UE ne compte pas non plus changer d’avis sur cette question parce qu’elle estime que cette loi est surtout utilisée pour enlever toute liberté, et plus précisément celle de la presse. L’application de l’accord reste donc incertaine.

 

MSF crie sa rage envers les dirigeants européens

De leur côté, les ONG œuvrant auprès de ces migrants ne cessent aussi d’exprimer leur indignation face à cet accord. Ce vendredi 13 mai, c’est dans une lettre ouverte destinée aux dirigeants européens que Joanne Liu, présidente de Médecins Sans Frontières, a partagé ses inquiétudes.

« Alors que nous assistons au plus important phénomène migratoire de ces dernières décennies, l’Europe recule ainsi devant ses obligations légales et morales » déplorte la présidente de MSF. De plus, à cause de cet accord, « d’autres pays pourraient tenter de se soustraire à leur devoir de proposer l’asile » a-t-elle-ajouté.

En tout cas, la récente décision prise par le Kenya de fermer ses frontières pour les migrants somaliens ainsi que les deux camps existants sur son territoire pourrait être quelque part liée à cet accord. D’ailleurs, il est à noter que le gouvernement Ethiopien a souligné dans son annonce qu’il « demande le soutien de la communauté internationale afin d’accélérer le processus ».

 

Une baisse des entrées

Quoi qu’il en soit, une importante baisse des entrées de migrants a été enregistrée. C’est ce qu’a révélé Frontex, l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières des Etats membres de l’UE, dans un communiqué de presse publié le vendredi 13 mai dernier.

D’après ce communiqué, le nombre de migrants arrivés illégalement en Grèce durant le mois d’Avril a diminué de 90% par rapport au mois précédent. En tout, 2.700 personnes originaires de la Syrie, du Pakistan, de l’Afghanistan et de l’Irak sont arrivées sur les îles grecques tout au long du mois dernier. En outre, une baisse de 13% par rapport au mois de mars a été enregistrée du côté de l’Italie soit 8.730 entrées qui proviennent surtout de l’Erythrée, l’Egypte et du Nigéria.

Une baisse  qui surprend à cette époque de l’année où les spécialistes craignaient plutôt une forte augmentation. En tout cas, ce qui est sûr c’est que l’accord UE-Turquie est l’une des principales causes de cette spectaculaire baisse.