Démantèlement de Calais : un vrai casse-tête

Promis par François Hollande, le démantèlement de la « jungle » de Calais se précise. Néanmoins, la date reste incertaine et plusieurs obstacles persistent.

 

Destruction des échoppes

Le mercredi 12 octobre, le Conseil d’Etat a validé la fermeture de soixante-douze échoppes (cafés, épiceries, restaurants…) du plus grand bidonville de France. Jugés « illégaux », les magistrats estimaient que leur « destruction revêt un caractère d’urgence et d’utilité » rapporte LCI. Dans un délai de quarante-huit heures suite à cette notification, la préfecture était donc autorisée à procéder à « l’expulsion des occupants ». Et si cette décision judiciaire n’aura pas grand effet car la jungle sera démantelée, il s’agit tout de même d’une « victoire pour l’Etat » soulève la chaine d’information.

En effet, ce n’est pas la première fois que les autorités s’attaquent à ces commerces. Depuis l’été, ils « faisaient l’objet d’un contrôle accru » remarque Le Figaro. En juillet dernier, la préfecture du Pas-de-Calais y avait déjà mené une opération de « contrôles administratifs  et judiciaires ». Au cours de cette descente, plusieurs commerçants ont été interpellés et leurs biens ont été saisis a indiqué le quotidien. Quelques semaines après, la préfecture a fait appel à la justice pour fermer ces commerces. Mais le tribunal administratif de Lille a rejeté cette requête estimant que ces échoppes sont des « lieux de vie et de rencontre importants pour les migrants » rapporte Le Monde.

Mais pourquoi le Conseil d’Etat a alors accepté cette requête ? Dans son éditorial, La Croix évoque les « conclusions du rapporteur public qui avait appelé la fermeture des échoppes », une semaine plus tôt, pour expliquer cette décision. Parmi ces conclusions, « les trafics d’armes » de certains commerces et « le risque d’incendies élevé » ont été les  points d’appui soulève le quotidien.

 

Mobilisation des associations

Mais si cette décision soulage l’Etat, elle inquiète les associations. En effet, ces dernières dénoncent la précipitation de l’Etat. Avant l’opération, elles réclament un diagnostic de chaque migrant et un comptage précis des habitants de la jungle précise Le Figaro. En effet, les associations plaident pour les migrants qui ne veulent pas rejoindre les CAO. « Les vraies solutions pérennes ne sont pas trouvées, c’est ce que nous redoutons et craignons depuis longtemps. » a expliqué Me Julie Bonnier. Par ailleurs, le dernier comptage de la jungle sème la confusion. Selon deux méthodes utilisées, les autorités y recensaient 5.684 et 6.686 migrants.

En outre, la question des mineurs isolés préoccupe aussi les ONG. Selon L’express, « 95% » d’entre des 1.300 recensés « affirment vouloir passer en Grande-Bretagne » pour rejoindre leur famille. Ils auront donc besoin de soutien dans leurs démarches, ce qui est un « processus complexe nécessitant un minimum de temps » souligne le quotidien. De plus, leur protection n’est pas assurée car « certains rechignent à prendre en charge les jeunes qui n’iraient pas en Grande-Bretagne » a-t-il ajouté.

Ainsi, le jeudi 13 octobre, onze d’entre elles dont Emmaüs et Secours catholique ont déposé un référé auprès du tribunal administratif de Lille. Mais Le Monde se montre plutôt pessimiste et rappelle que le premier référé déposé par ces associations lors du démantèlement de la partie Sud de la jungle a été refusée. Néanmoins, la participation des humanitaires britanniques dont Care4Calais, Help Refugees et Refugee Youth Service pourrait changer la donne. Malheureusement, la justice a une nouvelle fois tourné le dos aux associations. En effet, leur demande a été rejeté et la date du début de l’évacuation a été fixée pour le 24 octobre prochain rapporte Le Monde.