Jungle de Calais : des associations se battent contre le démantèlement

L’évacuation de la jungle de Calais dérange, non pas sur le fond mais plus sur la forme. Le mercredi 12 octobre, plusieurs associations se sont ralliées à Emmaüs pour déposer un référé auprès du tribunal administratif de Lille afin d’empêcher le démantèlement du bidonville.

 

Diagnostic personnel et comptage précis

Mercredi soir, onze associations dont Emmaüs, Secours Catholique ou encore l’Auberge des migrants, ont saisi en référé la justice pour s’opposer à l’évacuation de la jungle de Calais. Pour cause ? Elles considèrent cette évacuation comme étant « une atteinte aux droits fondamentaux des exilés ». Pour éviter une mal-interprétation de cette décision, Thierry Khun, président d’Emmaüs, a expliqué : « Nous ne sommes pas opposés au démantèlement. On espère simplement que les conditions soient réunies pour faire un vrai démantèlement humanitaire ».

Parmi ces conditions, les associations réclament un diagnostic personnel des migrants et un recensement précis de leur nombre. Sur ce dernier point, un comptage effectué mardi sème la confusion. D’une part, les fonctionnaires de la police aux frontières (PAF) indiquaient 5.684 migrants après avoir compté un par un les habitants de la jungle. De l’autre, la préfecture a récolté le nombre total des occupants dans un abri et est arrivé à 6.468.

Mais que ce soit 5.684 ou 6.468, force est de constater que le nombre de migrants à Calais a fortement baissé. En effet, les ONG estimaient leur nombre entre 7.000 à 10.000 précédemment. Se félicitant de cette baisse, la préfecture a rappelé que « 5.966 » des migrants de la jungle ont rejoint les différents centres d’accueil et d’orientation (CAO) au cours de ces douze derniers mois.

 

Quel avenir pour les migrants ?

Mais c’est justement ces CAO qui posent problème aux associations! «Les vraies solutions pérennes ne sont pas trouvées, c’est ce que nous redoutons et craignons depuis longtemps. Les personnes évacuées vont se retrouver privées à l’accès aux soins, à leurs droits, pas écoutées dans leurs besoins et envoyées dans les centres d’accueil et d’orientation (CAO) alors qu’ils n’ont rien y faire » a déploré Me Julie Bonnier, l’une des avocates représentant les ONG. A cela s’ajoute la situation des mineurs isolés qui sont au nombre approximatif de 1.300. Pour François Guennoc de l’Auberge des migrants : « Chaque mineur doit être épaulé dans ses démarches et ses décisions par un tuteur ». D’ailleurs, plus de la moitié d’entre eux ont déclaré « avoir de la famille en Grande-Bretagne » selon l’association France Terre d’Asile. Autant de points qui nécessitent une mûre réflexion, estime le Secours Catholique, avant d’envisager le démantèlement de la jungle.

Il est à noter qu’il ne s’agit pas de la première tentative des associations pour sauver Calais. En début d’année, elles ont déjà saisi l’Etat en justice pour empêcher le démantèlement de la partie sud de la jungle, mais en vain. Cette fois, les ONG locales sont plus optimiste notamment avec la mobilisation des humanitaires britanniques. En effet, Care4Calais, Help Refugees et Refugee Youth Service refusent aussi le démantèlement précipité de la jungle. Quoi qu’il en soit, les juges auront 48 heures pour statuer sur ce nouveau référé.