Etats-Unis : la police a tué plus de 700 personnes en 2016

La police de Charlotte-Mecklenburg a tiré sur Keith Lamont Scott, un Afro-américain de 43 ans, le mardi 20 septembre. Ce énième drame qui survient lors des interventions policières accroît la colère des habitants. Ces derniers se sont donc rassemblés pendant deux nuits successives durant lesquelles sont survenus quelques incidents. La ville de Charlotte est en état d’urgence.

 

Entre tensions raciales et bavures policières

Mercredi 14 septembre, Tyree King, un adolescent de 13 ans a été tué par un policier blanc à Colombus, dans l’Ohio. Le jeune Afro-américain, soupçonné par la police d’avoir participé à une agression à main armée, avait sur lui un pistolet à air comprimé. « Cette arme est similaire à celle des policiers », avait expliqué la chef de la police Kim Jacobs pendant une conférence de presse. « Il ressemblait à une arme à feu qui pourrait vous tuer », a-t-il ajouté pour justifier la réaction de l’agent de police.

Vendredi 16 septembre, Terence Crutcher, un automobiliste noir a été tué à Tulsa, dans l’Oklahoma. La vidéo montrant une policière tirer une balle dans le dos de l’homme qui avait les mains en l’air a été rendu public par la police. Si les fouilles de la voiture ont confirmé que l’homme ne détenait pas d’arme, la bande sonore de l’hélicoptère de surveillance laisse entendre les propos des policiers qui qualifiaient la victime de « sale type ».

Mardi 20 septembre, l’afro-américain Keith Lamont Scott a été abattu par un policier, lui aussi noir. Les faits se sont déroulés sur le parking d’une résidence à Charlotte, en Caroline du Nord. Si la police affirme que Scott avait une arme, la famille assure qu’il tenait un livre. La victime serait restée « calme » et ne faisait preuve « d’aucune agressivité » dans les images filmées par la police. Malheureusement, ces dernières n’ont pas été publiées. Le New York Times recommande à la police de le faire en reprenant la demande de la famille de Keith Lamont Scott : « les représentants élus qui ont prêté attention aux cas de civils tués par la police ces dernières années devraient comprendre que maintenir la population dans l’ignorance augmente les tensions et ébranle la confiance en la loi ». Ces tensions ont d’ailleurs augmenté depuis que le chef de la police Kerr Putney a affirmé jeudi que « les vidéos ne lui donnaient pas de preuve visuelle absolue et définitive confirmant que la personne brandissait une arme ».

La ville de Charlotte en état d’urgence

Cette dernière bavure a indigné les habitants de Charlotte. Ces derniers se sont rassemblés sur les lieux des faits pendant deux nuits successives. Les manifestants ont affronté les forces de l’ordre, blessant ainsi une douzaine de policiers. Beaucoup de civils ont également été blessés, mais leur nombre reste indéterminé. Un homme touché à la tête par un tir « civil » serait aujourd’hui dans un état critique.

Face à cette situation, le gouverneur de la Caroline du Nord Pat McCrory a décrété l’état d’urgence. Il aurait également « pris l’initiative de déployer la Garde nationale et la police autoroutière pour aider la police locale de Charlotte ». L’instauration d’un couvre-feu est aussi envisagée. Les autorités ne tolèreront pas les actes de vandalisme et les violences contre la police.

Ces tensions raciales ne cessent d’augmenter en cette fin de mandat de Barack Obama, le premier président noir des Etats-Unis. La police a tué plus de 700 personnes depuis le début de l’année, 173 d’entre elles sont des Afro-américains. Lors d’une prière pour la paix à l’église Saint-Thomas-Aquinas de Charlotte, le père Patrick Winslow a affirmé que « le vrai champ de bataille est dans le cœur et non dans la rue ».