Une semaine après le passage de l’ouragan Matthew, Haïti peine à se relever. Outre les dégâts matériels, le pays n’arrive plus à compter ses morts et le choléra ne fait qu’alourdir le bilan.
Face à la famine…
Le mardi 4 septembre dernier, Haïti a été frappé de plein fouet par l’ouragan Matthew, le plus puissant ayant touché les Caraïbes en dix ans. Accompagné par des vents soufflant jusqu’à 230km/h et de fortes averses, l’ouragan a causé des dégâts considérables. Et si les haïtiens ont commencé à enterrer leurs morts, le décompte reste bien flou. En effet, la protection civile haïtienne fait état de 372 morts, 4 disparus et 246 blessés alors que Reuters évoque plus de 1.000 morts. Selon l’agence de presse, ce bilan est issu d’une compilation des données recueillies auprès de plusieurs localités.
Par ailleurs, 1,4 millions de personnes nécessitent actuellement une assistance humanitaire d’urgence. Parmi ces sinistrés, 175.000 n’ont plus d’abri et 400.000 ont un besoin urgent de nourritures. Et si la situation ne cesse de se dégrader, la grande majorité de ces sinistrés n’ont toujours pas reçu d’aide. En effet, plusieurs routes restent couper isolant ainsi plusieurs zones. Affamés et désespérés, les habitants se sont même pris à un camion du PAM, lundi dernier. En direction de Grand’Anse, cette cargaison transportant des kits alimentaires a été pillée au niveau de Camp-Perrin après une attaque aux jets de pierres. Même scénario du côté de Torbeck où les camions ont dû rebrousser chemin jusqu’aux Cayes.
Il est à noter que la région de Grand’Anse a été la plus affectée avec 198 morts, 97 blessés et 99.400 sans-abri. « On parle maintenant de 13 communes qui ont été ravagées » a rapporté Joël George, président de l’association des maires du département. De son côté, Cédric Charpentier, représentant du PAM en Haïti, a expliqué : « Les récoltes sont perdues, les boutiques de la zone urbaine de Jérémie ont vu leurs stocks détruits par la tempête, et l’alimentation est très précaire ».
… et le choléra
Mais si Haïti peine déjà à se relever des dégâts de l’ouragan, il doit aussi faire face au choléra. Certes, l’épidémie n’est plus nouvelle dans le pays mais il y a une « forte augmentation par rapport aux chiffres habituels » a souligné Dominique Legros. Dans la région de Grand’Anse, 150 cas suspects ont ainsi été recensés contre 50 dans la région voisine du Sud. Dimanche dernier, l’hôpital de Port-Salut a enregistré sa première mort liée à la maladie. Actuellement, neuf autres patients souffrant du choléra y sont toujours soignés selon les dernières informations.
Pour éviter une explosion de l’épidémie, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a annoncé l’envoi d’un million de doses de vaccin contre le choléra. Si normalement, il faut deux doses pour préconiser contre la maladie, OMS conseille la dose unique. Un plus grand nombre d’haïtiens pourra être ainsi immunisé. Il est à noter que le choléra a fait son apparition en Haïti en 2010. Selon les enquêtes, la maladie a été introduite par les casques bleus de l’ONU, originaires du Népal, censés stabiliser le pays après le séisme. Depuis, l’épidémie a fait plus de 10.000 morts à travers l’île.