Inde : la dame de fer a mis un terme à 16 ans de grève de la faim

Irom SHARMILA, âgée de 44 ans, surnommée « La dame de fer de Manipur » et militante indienne pour le droit de l’homme, a décidé de mettre fin à la grève de faim qu’elle a mené pendant 16 ans dans le but d’abolir la loi controversée en 1990. Toujours déterminée à défendre le droit de l’homme, la dame de fer décide de prendre une autre voie en annonçant son entrée dans la scène politique. Cette législation spéciale, qui accorde le droit aux forces de sécurité de tirer à vue, d’arrêter sans mandat, de pénétrer dans des propriétés privées, a été plusieurs fois critiquée par les défenseurs des droits de l’homme.

 

Une manière unique de militer

Le mardi 08 aout 2016 est une journée spéciale pour les militants de droit de l’homme. La dame de fer de Manipur, l’une des activistes les plus exceptionnelles, a annoncé en cette journée la fin de sa grève de faim. Elle a été libérée après s’être engagée par écrit devant le tribunal de mettre fin à ladite grève puis elle a payé la caution de 10000 roupies.

Cette grève de faim menée par Irom SHARMILA durant 16 ans est la plus longue que l’histoire ait jamais connue. Une grève de faim sans égal vu les manières dont la dame de fer la menait : « Elle se lave les dents avec du coton sec et les lèvres avec de l’alcool pour qu’aucune goutte d’eau ne puisse rompre son jeûne. Son corps est dévasté. Ses menstruations ont cessé. Mais elle est déterminée » a raconté un journal indien.

Elle l’a entamée en 2000 après qu’elle ait vu dix de ses compatriotes se faire tuer probablement par les forces de sécurité à l’arrêt du bus devant sa maison dans la partie Nord- Est de l’Inde. Refusant catégoriquement de se nourrir depuis cette année, elle a été placée sous contrôle judiciaire et inculpée pour tentative de suicide (qui est pénalisée en Inde). On l’a nourrie de force plusieurs fois par jour à l’aide d’une sonde nasale dans une chambre d’hôpital à Imphal Manipur.

Malgré tous ces évènements, Irom SHARMILA n’a jamais baissé les bras et a même reçu plusieurs prix internationaux « Comment vous expliquer ? Ce n’est pas une punition, c’est mon devoir…« a-t-elle déclaré quand on l’a interrogée sur ses motivations. L’Amnesty International a considéré Irom SHARMILA comme « prisonnière d’opinion » en 2013.

 

Un nouvel itinéraire mais toujours le même objectif

Les années de grève de la dame de fer paraissent jusqu’à maintenant infructueuses : « J’ai jeûné pendant près de 16 ans, en pensant que je pourrais changer le système, mais je réalise maintenant que cela ne donnera aucun résultat» tels étaient ses mots.

Elle compte, en dépit des circonstances, mener son combat jusqu’au bout. Aucune ou très peu de connaissance politique, niveau d’étude très faible, une santé encore instable : tels sont les difficultés qu’elle rencontre. Mais se lancer dans la politique est la seule issue qu’elle a trouvé afin d’atteindre son but. Animée par la même ambition qu’il y a 16 ans, La Dame de Fer de Manipur semble être prête à tout pour abolir cette fameuse loi ; « ce sera ma priorité le jour où j’aurai le pouvoir » a-t-elle souligné.

Une législation spéciale souvent critiquée

Dans la partie Nord- Est de l’Inde, notamment dans l’Etat de Manipur dont les habitants sont confrontés à une insurrection séparatiste, une loi controversée en 1990 donne certains droits à l’armée. Citons à titre d’exemple : l’armée a le droit de tirer à vue, d’arrêter sans mandat, de pénétrer dans des propriétés prives. Ces agissements frôlent, selon les critiques, la dictature en plus d’être non respectueux du droit de l’homme.

Le gouvernement justifie cette législation comme étant un élément nécessaire pour combattre les multiples groupes de rebelles.