Kenya : six mois de plus pour les réfugiés somaliens de Dadaab

Pour des raisons sécuritaires, le gouvernement kényan a décidé en mois de mai de fermer le camp de réfugiés de Dadaab, le plus grand au monde. Environ deux semaines avant l’échéance, des réfugiés somaliens sont déjà sommés de rentrer dans leur pays en guerre. Mais sous le feu des critiques, le Kenya a repoussé de six mois la fermeture du camp.

 

Retours involontaires des réfugiés somaliens

Déjà en septembre, des réfugiés du camp de Dadaab ont dû accepter de retourner en Somalie. « Ils craignent que le Kenya les expulse s’ils décident de rester », avait alors publié l’ONG Human Right Watch (HRW). A environ deux semaines de la fermeture du camp, des responsables gouvernementaux ont de nouveau sommé les réfugiés somaliens de partir. « Si vous ne le faites pas maintenant, vous devrez partir à pied avec vos bébés sur le dos », auraient prévenu les autorités kényanes, d’après Hadi qui habite à Dadaab depuis 24 ans.

Le gouvernement avait pourtant assuré, par un accord signé avec la Somalie et le HCR, que tous les retours seraient volontaires et menés en toute sécurité et dignité. En Somalie, la situation n’est toujours pas propice au retour des réfugiés. Le pays est toujours ravagé par un conflit armé, causant le déplacement d’1,1 million de personnes. Aucun dispositif n’est prévu pour accueillir les réfugiés.

La fermeture du camp de Dadaab repoussée

Le gouvernement Kényan avait décidé en mai 2016 de fermer le camp de Dadaab parce qu’il soupçonnait les réfugiés somaliens de cacher des militants d’Al-Shabaab. Cette décision est tombée après l’attentat contre l’université de Garissa en 2015. La fermeture du camp était prévue pour ce moins de novembre.

Sous la pression des organisations de défense des droits de l’Homme, le gouvernement a annoncé mercredi que le camp ne sera finalement pas fermé avant mai 2017. « Je souhaite annoncer que le gouvernement a accepté la demande de repousser de six mois la date limite pour l’achèvement du rapatriement des réfugiés somaliens et la fermeture du complexe de Dadaab », a affirmé le ministre kényan de l’Intérieur Joseph Nkaissery. Mais ce n’est pas assez pour Gerry Simpson, chercheur en charge des réfugiés pour HRW. « Le Kenya devrait en finir avec ses menaces de fermer Dadaab et le HCR et les donateurs devraient presser le Kenya de rassurer publiquement les réfugiés somaliens, en leur disant qu’ils sont bienvenus au Kenya jusqu’à ce qu’ils puissent rentrer chez eux en toute sécurité », a-t-il déclaré.

Aucune alternative n’a été proposée aux réfugiés somaliens par le Kenya. Parallèlement, l’indifférence de la communauté internationale se fait ressentir. Cela, malgré le fait que les pays riches refusent d’assumer leur part de responsabilité dans l’accueil et la protection des réfugiés. Rappelons que la majorité des personnes ayant fui leur pays se réfugient dans les pays voisins.