Énième naufrage en Méditerranée

Plus de 3.350 migrants secourus, au moins 16 morts et 340 disparus au cours de ces derniers jours en Méditerranée. Preuve que le rythme des traversées s’accélère alors que les conditions météorologiques commencent à se dégrader. Craignant un bilan plus noir, les ONG sonnent l’alarme!

 

Une nuit d’horreur de plus en Méditerranée

La situation se complique de jour en jour en Méditerranée. Le mercredi 16 novembre, dans la mi-journée, le navire militaire britannique Enterprise, de l’opération Sophia, a porté secours à un canot pneumatique dégonflé au large des côtes libyennes. 27 jeunes migrants ont ainsi été sauvés et six corps sans vie ont été repêchés. « Epuisés, sous le choc et traumatisés », les rescapés ont été transférés sur le Bourbon Argo de Médecins Sans Frontières (MSF), le soir-même.

Selon leur témoignage, leur embarcation a quitté une plage près de Tripoli vers deux heures, lundi dernier, avec 130 personnes à bord. Après plusieurs heures de navigation, les passeurs qui les accompagnaient sur un autre bateau, ont enlevé les gilets de sauvetage des passagers ainsi que le moteur du canot avant de les abandonner.

En plein milieu de l’océan, le canot pneumatique n’a pas résisté à l’agitation de la mer et à la surcharge et s’est alors rapidement dégonflé. Epuisés, les passagers qui s’accrochaient au reste du canot ont été emportés un par un par les vagues.

Ce nouveau naufrage s’ajoute à une série déjà longue ! Lundi, seules 15 personnes ont survécu au naufrage d’une embarcation qui transportait près de 150 passagers. Plus tard, l’Aquarius a porté secours à un autre canot pneumatique. Au bilan : 114 migrants ont survécu dont trois enfants et 21 mineurs et quatre corps sans vie ont été repêchés. Et mardi, les garde-côtes ont annoncé le sauvetage de 23 migrants et la disparition ou décès d’environ 95 personnes. Depuis samedi, le bilan s’élève donc à : plus de 3.350 migrants secourus, au moins 16 morts et 340 disparus.

 

L’hiver aggrave la situation

Avec ces chiffres, les ONG participant aux opérations de secours sont unanimes : le rythme des traversées s’accélère. Pourtant, les conditions météorologiques sont particulièrement dangereuses à cette période de l’année. Le seul vrai moyen de survie des naufragés reste donc les navires de secours qui sillonnent presque jour et nuit cette zone.

Malheureusement, bon nombre d’entre eux sont contraints de quitter les lieux avant la fin de ce mois de novembre, justement à cause du mauvais temps mais aussi pour des travaux de maintenance. D’ailleurs, les garde-côtes italiens font aujourd’hui appel à des navires pétroliers pour secourir les embarcations en danger. Or, ces derniers ne sont ni équipés ni formés à cela.

Face à cette situation, l’inquiétude monte donc en Méditerranée : qui vont secourir ces personnes qui tentent malgré les risques de rejoindre l’Europe ? Pour Ruben Neugebauer, porte-parole de l’association allemande Sea-Watch : « Le fond de l’affaire c’est que cela ne devrait pas être à nous de faire ce travail. L’Union européenne doit prendre des responsabilités » ! Sur la même lancée, Loris De Filippi, directeur de MSF Italie souligne que « les opérations de secours ne peuvent pas être laissées aux ONG ».

Il est à noter que plusieurs navires affrétés par l’UE sont bel et bien présents en Méditerranée mais ils sont plus là pour des opérations de surveillance et de contrôle que de sauvetage. Les seuls qui participent aux opérations de secours sont ceux qui appartiennent à l’opération Sophia. Mais leurs actions sont limitées car ils n’ont pas l’accès aux eaux libyennes.