Migrants : la situation dégénère en mer Méditerranée

L’été a fait son grand retour et la situation en mer Méditerranée se dégénère. Le nombre de traversées ne cesse d’augmenter et les passeurs n’hésitent pas à emprunter des voies dangereuses pour atteindre l’Europe.

 

Plus de 3.000 migrants secourus

Depuis le mois de juin, le nombre de traversées en mer Méditerranée a considérablement augmenté. Cette situation n’a rien d’étonnant puisque les conditions sont assez favorables pour les traversées en cette période de l’année. Par contre, c’est l’itinéraire utilisé qui est particulièrement dangereux : Libye –Italie. « La route méditerranéenne centrale n’a jamais été autant fréquentée » a soulevé Fabrice Leggeri, directeur de l’agence européenne de contrôle des frontières Frontex. Pourtant, plusieurs naufrages ont déjà eu lieu dans cette zone dont le plus meurtrier a été celui de 2014 où seulement 28 des 580 passagers ont pu être secourus.

Fort heureusement, plusieurs navires sillonnent actuellement cette zone : ceux des garde-côtes et de la marine italienne, ceux des organisations humanitaires dont Médecins Sans Frontières et Sea Watch et celui de l’OTAN. Ensemble, ces navires entament des opérations de sauvetage de grande envergure. La plus récente a été menée le dimanche 26 dernier au large de la Libye durant laquelle 3.324 migrants ont été sauvés et ont été ramenés vers les ports du Sud de l’Italie.

Le bilan s’alourdit donc de jour en jour en Mer Méditerranée. En seulement quatre jours, le nombre de personnes secourues en mer a dépassé la barre des 10.000. Et selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), plus de 66.000 migrants ont débarqué en Italie depuis le début de cette année. Des chiffres alarmants qui indiquent que la crise migratoire persiste et elle risque de s’intensifier pour plusieurs semaines, voire plusieurs mois, encore.

 

De nouveaux points de départ

Mais si l’itinéraire Libye-Italie est considéré comme étant dangereux, celui de l’Egypte-Italie est encore pire. Pourtant, de plus en plus de passeurs empruntent actuellement cette voie puisque « l’Egypte commence maintenant aussi à être un pays de départ. Cette année, le nombre est environ 1.000 traversées sur des bateaux de passeurs d’Egypte vers l’Italie et cette route croit » a rapporté Fabrice Leggeri. « Le voyage dure souvent plus de dix jours. Peu de navires susceptibles de sauver des migrants sur des bateaux en train de couler circulent dans cette route » a-t-il expliqué.

Et beaucoup plus dangereux encore, la route Egypte-Grèce. Le vendredi 3 juin dernier, une embarcation de fortune a chaviré au large de la Crète. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, le navire transportait 700 personnes à bord tandis que les garde-côtes grecs ont évoqué « plusieurs centaines ». Si 339 personnes ont été secourues, une dizaine d’autres ont perdu leur vie. Parmi les rescapés, quelques-uns ont  confirmé que le bateau partait de l’Egypte.

Toutes ces nouvelles routes semblent indiquer que les passeurs n’hésitent pas à contourner la force navale de l’Otan pour atteindre l’Europe. Raison pour laquelle, le HCR réclame l’ouverture des voies normales pour éviter plus de victimes. Il est à noter que plus de 2.800 migrants ont péri en mer Méditerranée depuis le début de cette année et le bilan risque de s’alourdir si aucune mesure n’est rapidement prise.