Méditerranée : la tragédie sans fin

Le mercredi 2 novembre dernier, un  drame de plus est survenu en mer Méditerranée. Suite à deux naufrages successifs, au moins 240 migrants sont morts noyés ou portés disparus.

 

Méditerranée : un drame de plus

Dans la nuit du mercredi à jeudi, deux embarcations de fortune ont fait naufrage à 25 milles au large des côtes libyennes. Si le nombre exact des passagers n’a toujours pas été confirmé, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) estime qu’ils étaient aux alentours de 300 personnes selon les témoignages des survivants.

Pour la première embarcation, les 29 survivants confirment que le canot pneumatique transportait près de 140 personnes. Le vendredi matin, son épave a été retrouvée par les navires de secours avec douze corps sans vie. Quant à la seconde, aucun signe de sa présence n’a encore été trouvé. Toutefois, deux survivants ont rapporté qu’ils étaient au moins 120 passagers à bord. En tout, ces deux naufrages auraient donc fait au moins 239 victimes selon les estimations du HCR.

Ces nouveaux chiffres portent donc à 4.220, le nombre de morts en Méditerranée depuis le début de cette année. Une situation catastrophique qui s’explique par l’augmentation incessante des traversées en partance de la Libye vers l’Italie. Or, la probabilité de mourir en empruntant cet axe est particulièrement élevé : un décès sur 47 arrivées.

 

Italie : la tension monte

Mais accompagnant cette augmentation des traversées, la pression monte en Italie. Entre janvier et octobre, le pays a recensé plus de 155.000 migrants sur son territoire dont 20.000 mineurs isolés. Une situation dramatique car les centres d’accueil sont aujourd’hui saturés. Et pour cause, le plan de relocalisation prévu par l’UE peine à avancer. En un an, seules 1.012 personnes ont pu en profiter alors qu’il y a en moyenne 587 arrivées par jour sur les côtes italiennes.

Face à cette lenteur, Matteo Renzi, chef du gouvernement italien, a menacé, mardi 25 octobre dernier, de suspendre sa contribution à l’UE si les pays réticents à l’accueil des immigrés comme la Hongrie, la République Tchèque et la Slovaquie ne changent rapidement pas leur comportement. Par ailleurs, Rome prévoit un déficit public de 2,3% pour 2017. Une augmentation qui résulte des dépenses du pays liées à l’accueil des migrants a expliqué Pier Carlo Padoan, ministre italien de l’économie et des finances.

Sur le plan national, le mécanisme de répartition mis en place par le gouvernement en 2015 peine aussi à s’activer. Pourtant, il devait soulager les principaux points d’entrées en répartissant les demandeurs d’asile à travers tout le pays sur une base de 2,5 migrants pour 1.000 habitants. Et pour cause, les italiens sont plutôt réticents face à l’accueil des réfugiés. Le 24 octobre dernier, par exemple, les habitants de Gorino, dans le delta du Pô, ont empêché le transfert de 12 femmes réfugiées accompagnées de leurs enfants dans le village.