Les actualités marquantes du 05 au 12 janvier 2016

Au menu de notre revue de presse de la semaine : la famine qui frappe les habitants de Madaya et les conditions de vie catastrophiques des migrants de Grande-Synthe.

La famine est une arme de guerre à Madaya

Assiégée par l’armée de Bachar Al Assad, la ville syrienne Madaya était depuis quelques mois privée d’aide humanitaire. Mais sous une énorme pression médiatique, le président syrien finit par céder et ouvre les portes de la ville pour les ONG.

 

Les habitants de Madaya réduits à la famine

Depuis le mois de juillet, le régime syrien a imposé un siège dans la ville rebelle de Madaya. Les mines et les barbelés instaurés tout autour de la ville la rendait inaccessible. Même l’aide humanitaire n’était pas permise à franchir le territoire, « réduisant à la famine ses 40.000 habitants » souligne BfmTv. « La faim est devenue une arme de guerre » constate Libération. En effet, le kilo de riz pouvait atteindre les 150 dollars et le sac de lait près de 100 euros. Selon l’OSDH, près de 1.200 personnes souffrent actuellement de maladies chroniques et environ 300 enfants de malnutrition. « Les habitants survivent en faisant bouillir les feuilles des arbres ou se nourrissant de la viande des derniers chats et chients errants » ajoute le quotidien. Et pourtant « une trêve a été signée» rappelle Le Figaro. En mois de septembre, le camp de Bachar Al Assad et celui des opposants se sont mis d’accord pour « permettre l’entrée de l’aide humanitaire et l’évacuation des civils et des blessés ». Suite à cet accord, près de « 450 combattants ont été évacués en décembre de Zabadani, Foua et Kafraya » précise le quotidien. Pour La Croix, cette situation est « insoutenable ». En plus, contrairement à l’armée gouvernementale, les rebelles ne disposent pas de moyens aériens pour venir en aide aux habitants de Madaya.

 

L’aide humanitaire est finalement autorisée

Suite à l’annonce de Médecins Sans Fronitères, faisant état de « 28 personnes mortes de faim depuis le début de décembre », Bachar Al Assad décide finalement de lever le siège. « Pour éviter une catastrophe humanitaire, le régime syrien a autorisé le jeudi 07 janvier l’ONU à acheminer des vivres et des médicaments dans la ville de Madaya » rapporte Le Monde. Cette décision a été « accueilli avec satisfaction par l’ONU » ajoute le quotidien. En effet, rappelle-t-il, la ville n’a bénéficié de l’aide humanitaire qu’une seule fois, le 17 octobre. Et pourtant, les vivres distribuées ne correspondaient « qu’à un mois de nourritures pour 19.000 personnes ». En outre, « deux villages chiites de Foua et Kafraya devraient aussi recevoir une assistance » ajoute Les Echos. En effet, ces deux localités, dans la province d’Idleb, encerclées par les rebelles se retrouvaient aussi au bord de la famine rappelle l’hebdo.  Malgré l’urgence, les habitants de ces villes devront encore se montrer patients avant de recevoir ces aides. En effet,  « en raison de la lourdeur administrative et le weekend, l’acheminement ne devrait pas commencer avant plusieurs jours » souligne Libération.

 

Les premiers convois sont arrivés

Le lundi dans l’après-midi, « un convoi d’aide est arrivé dans la ville de Madaya » rapporte Le Figaro. A 17h, précise le quotidien, deux camions transportant de la nourriture, des médicaments et des couvertures des Nations Unies et de la Croix-Rouge sont entrés dans la ville. En même temps, « trois camions entraient à Foua et trois autres à Kafraya » ajoute Europe1. En tout, la ville de Madaya recevra une cinquantaine de camions contre 21 pour les deux autres localités. Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU a envoyé de la nourriture tandis que le CICR a plutôt envoyé des médicaments ainsi que du matériel chirurgical. Malgré cette bonne nouvelle, « les habitants de Madaya dénoncent la lenteur des Nations Unies à agir » rapporte Le Monde. En effet, c’était surtout les militants encerclés dans cette ville qui a tiré la sonnette d’alarme à travers une « campagne sur les médias sociaux » souligne le quotidien.

 

Grande-Synthe : pire que la jungle de Calais

En cette période d’hiver, la situation des migrants installée dans la ville côtière de Grande-Synthe devenait de plus en plus catastrophique. Face à cela, Médecins sans frontières et la municipalité de la ville ont promis l’ouverture prochaine d’un nouveau camp beaucoup plus aux normes.

 

Grande-Synthe : pire que la jungle de Calais

Le camp installé dans la ville de Grande-Synthe abrite actuellement 2.500 personnes dont 230 enfants et une dizaine de bébés en attente d’un passage vers la Grande-Bretagne. Selon RFI, « les conditions sanitaires sont pires que dans la jungle de Calais ». Avec l’augmentation considérable de leur nombre, ils sont aujourd’hui obligé de vivre dans une zone inondable, remplie de boues. Pour Libération, il s’agit du « pire des camps français de réfugiés ». En effet, la boue arrive même jusqu’aux chevilles dans certains endroits qu’il est obligé de se retenir aux branches des arbres pour ne pas tomber rajoute-t-il. De plus, la majorité d’entre eux vivaient dans des tentes non protégées en cette période de froid car tout matériel de construction est interdit dans ce camp.

 

MSF et la mairie se mobilisent

En cette période hivernale, la plus grande crainte des équipes humanitaires est « l’hypothermie ». Ainsi, la municipalité et Médecins Sans frontières (MSF) ont décidé de « construire un vivable, avec tentes chauffées, sanitaires et surtout un sol en macadam pour échapper à la boue ». Le nouveau camp offrira « 500 tentes chauffées pour cinq personnes » précise France24. En tout, il devra accueillir près de 2.500 migrants. La mise en place du projet durera environ « quatre semaines ». Le temps pour les équipes du MSF de s’occuper de « l’assainissement du terrain, le terrassement, l’installation de l’eau et de de l’électricité et le montage des tentes » explique la chaîne d’information. En attendant, la préfecture du Nord a proposé, depuis le vendredi 09 janvier, 300 places d’hébergement d’urgence pour ces migrants.

 

L’Etat manque de réaction

Le Monde ne manque pas de signaler la lenteur du gouvernement à agir. En effet, il estime que « le ministère de l’intérieur continue à faire la sourde oreille », pourtant Bernard Cazeneuve a promis son aide au maire de la ville le 30 septembre 2015. Pour expliquer cette lenteur, Libération avance « deux problèmes qui se posent à l’Etat ».  Premièrement, l’Etat craint que le camp ne serve de passage pour les exilés qui veulent rejoindre la Grande-Bretagne. En effet, le nouveau camp se trouve à quelques kms de l’autoroute et la majorité des migrants du camp sont tous candidats à l’asile Outre-Manche. Mais, « la ville et MSF se sont engagées à recevoir leur copie pour garantir la sécurité des lieurs » précise le quotidien. Et deuxièmement, continue Libération, l’Etat comme la ville ne veulent que le « camp devienne pérenne et augmente sa capacité ».