L’instinct de survie des Vénézuéliens face à la pénurie alimentaire

Si certains sont réduits à manger les animaux des zoos, d’autres adaptent les recettes aux produits les plus accessibles. Malgré la récente réouverture de la frontière avec la Colombie, la pénurie alimentaire se fait ressentir à cause du prolongement de la crise.

 

Des animaux sauvages au menu

La crise politique et économique qui persiste au Venezuela aggrave de jour en jour la situation. Personne n’est épargné par la pénurie alimentaire, même pas les parcs animaliers. Ces derniers jours, une cinquantaine d’animaux sont morts de faim. Faute de budget, certains félins ont même été nourris de fruits et légumes. Même si la frontière avec la Colombie a été rouverte depuis samedi, peu de Vénézuéliens ont les moyens de faire leur course de l’autre côté.

Poussés par la faim, les habitants en arrivent à abattre les animaux du zoo de Caracas pour leur viande. Les restes d’un éléphant et d’un cheval ont notamment été retrouvés. The Independent rapporte également des vols de cochons et de moutons qui ont eu lieu en début du mois d’août. Un camion qui transportait des poulets a également été pillé et certains s’attaqueraient même aux chiens.

Une cuisine système D

Si certains Vénézuéliens ont décidé de mettre les éléphants et les chevaux dans leur assiette, d’autres réinventent les recettes habituelles. Margarita Monge, une couturière de 65 ans cuisine « avec ce qu’il y a ». L’Arepa, traditionnellement préparé avec de la farine de maïs contient désormais de la patate douce ou des carottes. Beaucoup de ses compatriotes jouent également avec leur imagination pour contourner cette pénurie alimentaire. Les recettes à base de ris et de haricots sont maintenant faites avec du manioc, du potiron ou de la betterave.

La pénurie alimentaire s’est fortement aggravée depuis le début de la crise. 80 % des produits de base sont quasi inexistants dans l’ensemble du pays. La consommation et le régime alimentaire de la population ont changé. D’après une étude de l’Observatoire vénézuélien de la santé, 12,1 % des personnes interrogées ne mangent plus que deux repas par jour, voire moins. « En moyenne, chaque habitant a perdu trois à cinq kilos cette année », souligne Pablo Hernandez, nutritionniste.

Cette lutte pour leur survie a rassemblé des milliers de Vénézuéliens sur les réseaux sociaux. Ils ont créé un espace partage et d’échange de recettes et d’ingrédients alternatifs. Selon Vladimir de Chelminski, créateur d’un groupe Facebook « pour bien manger au Venezuela, il faut soit beaucoup d’argent, soit beaucoup de créativité, soit faire la queue pendant six heures ».