Torture à grande échelle dans les prisons syriennes

« L’enfer sur terre ! » C’est ainsi qu’Amnesty International compare les prisons syriennes. Entre famine, viols et autres formes de tortures, l’organisation luttant pour les droits de l’homme a tout dévoilé dans « It breaks the human », un rapport publié le jeudi 18 août dernier.

 

Crimes contre l’humanité

Le régime de Bachar Al-Assad est de nouveau accusé de crimes contre l’humanité. En se basant sur le témoignage de 65 victimes, Amnesty International a dévoilé l’atrocité dans les prisons syriennes. Des endroits macabres aux conditions effroyables où plus de 17.700 détenus ont péri au cours de ces cinq dernières années, soit en moyenne 300 décès par jour.

Accusés de « trahison », les civils arrêtés sont humiliés et battus dès leur arrestation. Et certaines femmes affirment même avoir été abusées sexuellement. Une fois incarcérés, les nouveaux détenus ont droit au rituel de la « fête de bienvenue ». Ils sont « roués de coups » au moyen de barres de fer, de plastique ou encore de câbles électriques. Mais ce n’est que le début d’un long calvaire. En effet, la torture est la « seule manière » utilisée par les gardes et les membres de la force de sécurité pour obtenir ce qu’ils veulent. « Ils voulaient nous faire perdre tout caractère humain » a confié Samer, l’un des rescapés.

De plus, les accusés n’ont pas droit à un procès équitable. Amnesty dénonce même des « procès iniques » où chaque cas est traité à la « va-vite ». Les moins chanceux sont ensuite transférés vers la prison de Saydnaya, au nord de Damas. Cette prison militaire est la plus effroyable en Syrie. Les cellules n’ayant accès ni à la lumière, ni à l’air libre sont souvent surpeuplées et les détenus manquent de tout. D’ailleurs, à cause de l’insuffisance des installations sanitaires, les maladies se propagent facilement dont principalement la gale. En outre, les détenus n’ont droit à aucune visite, même celle d’un médecin s’ils sont malades. Ce qui a contribué à une forte augmentation du nombre de décès depuis 2011.

 

Le dossier « César »

Mais, ce n’est pas la première fois que les centres de détention en Syrie sont pointés du doigt par les défenseurs des droits de l’homme. En décembre dernier, Human Rights Watch a révélé l’atrocité du système dans son rapport « Si les morts pouvaient parler : décès de masse et actes de torture dans les centres de détention en Syrie ». Rédigé en 86 pages, ce dossier apportait des preuves accablantes de la véracité des clichés pris par César.

En rappel, des photos de corps sans vie de plusieurs milliers de prisonniers du régime syrien ont été publiées en juillet 2013 par un dénommé César. Questionné sur le sujet, Bachar Al-Assad a clamé qu’il s’agissait « d’allégations sans preuves ». Mais pour lever le doute, le HWR a décidé d’ouvrir une enquête en étudiant de près 28.707 photos parmi les 53.725 prises par César. Après neuf mois d’enquête, l’organisation a pu confirmer que les victimes ont subi plusieurs « actes de tortures, de privation de nourritures, de passages à tabac et de maladies ».

Depuis, le HWR a demandé l’accès aux différents centres de détention du pays à tous les observateurs internationaux. De son côté, Amnesty International réclame une intervention de la communauté internationale. Mais aucune de ces demandes n’a encore aboutit à une réponse satisfaisante. D’ailleurs, rien ne garantit que la communauté internationale pourra changer la donne. En effet, on ne peut qu’être pessimiste vu comment elle a décidé d’appuyer Bachar malgré l’utilisation de ce dernier d’armes chimiques.