Lubumbashi : victime d’une pollution minière dévastatrice

A Lubumbashi, des maladies étranges font leur apparition et la qualité de l’air se dégrade de jour en jour. Derrière ce désastre, les habitants de la ville pointent du doigt les entreprises minières qui exercent depuis plusieurs années une exploitation abusive de cuivre et de cobalt.  

 

De lourds impacts sur l’écosystème et la santé

La République démocratique du Congo connait actuellement un boom minier important. Certes, celui-ci est favorable à l’économie du pays mais l’exploitation intensive participe à la destruction rapide de l’écosystème. La région de Katanga en est la plus affectée et plus particulièrement la ville de Lubumbashi. Dans cette ex-capitale, l’air est devenu irrespirable et les poissons ont disparu de certaines rivières.

Par ailleurs, plusieurs maladies ont fait leur apparition : des troubles métaboliques et respiratoires, la stérilité, des sensations de brûlure aux yeux et à la gorge, différentes sortes de tumeurs et des malformations congénitales… Pour Célestin Banza, professeur à l’Université de Lubumbashi, ces maladies n’ont qu’un seul et même dénominateur : la pollution. Une hypothèse partagée par les habitants qui confirment qu’ils ont l’impression de « suffoquer quand ils respirent ».

En 2012, le professeur Banza a mené une enquête auprès de deux quartiers de Lubumbashi et le résultat était hallucinant. Publiées par le Centre Carter, ses recherches ont révélé une forte concentration de métaux toxiques dans l’organisme des habitants concernés. Depuis, il mène un combat auprès des défenseurs des droits de l’homme contre les entreprises minières au Katanga qui, selon eux, « ne respectent pas les droits des humains et la protection de l’environnement ».

 

Un dur combat

La pollution due à des déchets toxiques est donc responsable de ce désastre écologique qui se dessine à Lubumbashi. Pourtant, les entreprises minières « admettent difficilement leurs responsabilités » dans cette situation. D’ailleurs, elles continuent à assurer que la question environnementale reste leur priorité. Selon Eric Monga, président de la Fédération des entreprises du Congo : chaque projet d’exploitation fait  l’objet d’une « étude approuvée de son impact environnemental » avant d’être lancé.

Mais les habitants ne sont pas dupes et savent bien que « la pollution ne date pas d’hier ». Un site démontre même très bien à quel point les entreprises minières peuvent minimiser la question environnementale. A une trentaine de kilomètres au sud de Lubumbashi se trouve Kipushi. Dans cette ville, la savane a laissé place à une terre désertique de trois kilomètres carrés où il est impossible de cultiver quoi que ce soit. C’était dans cet endroit que Gécamines, ancienne exploitation de la société minière publique du pays, déversait ses déchets toxiques.

Par ailleurs, le professeur Branza a déclaré qu’il mettra au grand jour un nouveau rapport de santé. Celui-ci, a-t-il expliqué, va mettre l’accent sur les conséquences de cette pollution dans la partie sud de Katanga. Mais le combat des défenseurs de l’environnement et des droits de l’homme ne mènera réellement à une évolution de la situation que si le gouvernement s’y engage.