Mariage forcé : le fléau persiste au Burkina Faso

Au Burkina Faso, le mariage forcé  demeure le pire cauchemar de plusieurs milliers de jeunes filles. Face à la persistance de ce fléau, Amnesty International a publié un rapport alarmant le mardi 26 avril dernier afin de sensibiliser les autorités sur l’urgence de l’interdiction de cette pratique.

 

Une terrible réalité…

Le mariage forcé est un phénomène qui perdure au Burkina Faso. En général, les parents obligent leurs filles à se marier dans le but de renforcer les alliances entre les familles ou afin d’acquérir un meilleur statut social ou tout simplement en échange d’argent, de biens ou de services. Ce qui indigne surtout, c’est que la grande majorité de ces jeunes filles n’ont à peine que 11 ans.

Et malgré la loi du pays qui interdit le mariage des jeunes filles avant 17 ans, la réalité en est tout autre car il y a violation entière des droits de la femme. Le rapport d’Amnesty International mentionne que plus de 50% des jeunes filles entre 15 et 17 ans sont déjà mariées à Sahel dans le nord du pays. Une bien triste réalité. On constate aussi une certaine discrimination. Si les jeunes filles en milieu urbain bénéficient d’un peu d’éducation à l’école, celles qui vivent en milieu rural sont victimes du mariage forcé. Le rapport démontre aussi que moins de 16% ont accès à une méthode contraceptive  moderne et environ 30% des filles de 15 à 19 ans sont enceintes  ou ont déjà eu leur premier enfant. Entre 2009 et 2013, 6.325 filles ont été victimes de cette pratique dans le pays. De leur côté, 860 garçons ont aussi été contraints de se marier contre leur volonté.

Par ailleurs on parle aussi de la « Pop-lenga » . Il s’agit d’une pratique selon laquelle la nouvelle épouse amène une nièce à donner en mariage dans sa nouvelle famille tel un cadeau. Plusieurs jeunes filles sont ainsi privées de leur adolescence, voire même de leur enfance.

 

Des séquelles à long terme

Outre la privation de leur enfance aux jeunes filles, le mariage précoce les conduit à d’autres séquelles aussi bien physiques que psychologiques. Selon le témoignage de certaines victimes interrogées, elles sont pour la plupart soumises à des agressions physiques. Pour bénéficier d’une méthode contraceptive, elles doivent demander de l’argent à leur mari. Une requête qui en vient souvent aux mains.

Certaines d’entre elles parviennent à s’enfuir. On les appelle « les filles qui dorment dans les arbres ». Une appellation plutôt sympathique qui dissimule une situation malheureuse. Elles sont ainsi nommées car elles ne peuvent pas retourner chez leurs parents au risque de se faire battre et de se faire renvoyer chez leur mari.

 

Les solutions préconisées

Face ce triste phénomène, quelques mesures sont recommandées comme la création de centres ou d’institut pour prendre en charge les jeunes filles enceintes ou avec leur enfant qui ont fui leur mari. Il ne s’agit pas seulement de les accueillir mais de les aider à se réintégrer dans la société et à savoir s’assumer toutes seules du côté financier en leur donnant une formation. Par ailleurs, il faudrait aussi faciliter l’accès aux méthodes de contraception pour éviter les grossesses rapprochées et nombreuses. Et enfin, une campagne de sensibilisation devrait être réalisée pour mettre en exergue les droits de la femme.

Néanmoins, l’interdiction proprement dite suivie de sanctions semble être la seule et unique solution la plus efficace. Et ceci ne devrait pas simplement toucher le Burkina Faso puisque ce fléau persiste aussi dans plusieurs pays tels que le Mali ou encore le Niger. En 2015, cette pratique touchait 14 millions de jeunes filles de moins de 18 ans à travers le monde dont une fille sur neuf avait moins de 15 ans.