Massacre de Beni : les responsables doivent être traduits en justice

Beni, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a été la scène d’un énième massacre de civils dans la nuit de samedi à dimanche. La colère est montée d’un cran dans ce pays à l’atmosphère politique déjà tendu. La société civile accable les ministres de la Défense et de l’Intérieur. L’Organisation des Nations Unies a condamné cet acte barbare et appelle à ce que les responsables soient traduits en justice.

 

Deuil et colère après le massacre de Beni

Plus d’une cinquantaine de civils ont été tués à Beni le week-end dernier. Cette ville dans le nord-est de la RDC est le théâtre de massacre depuis deux ans. L’armée congolaise estime que cette nouvelle attaque est l’œuvre des rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF). Ces derniers ont contourné la position de l’armée pour « venir massacrer la population en guise de représailles », d’après le lieutenant Hazukay. L’armée congolaise participe à des opérations militaires dans la zone. Le gouvernement a décrété un deuil national de trois jours. « Les drapeaux seront mis en berne sur toute l’étendue du pays »,  déclaré le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende.

Ce massacre a suscité la colère des Congolais envers le gouvernement, des centaines de personnes sont descendues dans la rue. « Notre gouvernement est incapable de nous sécuriser », criaient les manifestants. Lundi, la société civile de Beni et Lubero ont demandé au président Joseph Kabila de révoquer deux ministres. « Nous recommandons au chef de l’Etat de procéder à la révocation des ministres nationaux de la Défense et de l’Intérieur, étant donné qu’ils ont montré leurs défaillances de réunir d’urgence un conseil des ministres à Beni de manière à approfondir des réflexions sur les enjeux sécuritaires de la partie nord de la province du Nord-Kivu », a déclaré Georges Katsengo, président de la société civile de Lubero.

Les réactions de l’ONU

« Le Secrétaire général condamne dans les termes les plus forts cette attaque dans le territoire de Beni où, depuis octobre 2014, des centaines de civils ont été tués par des membres présumés des ADF », a rapporté à la presse le porte-parole de Ban Ki-moon lundi soir. Le Secrétaire général des Nations Unies a présenté ses condoléances aux familles tout en appelant à ce que les responsables de ce massacre soient traduits en justice.

Mardi à Genève, le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme (HCDH) a rappelé aux autorités congolaises l’urgence de l’enquête. Cette attaque a fait plus de 47 morts, dont deux enfants, quatre blessés et 10 maisons incendiés, a rapporté le HCDH. « Cela porte à plus de 645 le nombre de victimes civiles résultant des attaques présumées des ADF depuis le 1er janvier 2014. C’est la violence la plus grave affectant la région depuis la fin de 2014, lorsque l’ONU a recensé au moins 237 civils tués sur une période de trois mois entre le 1er octobre et le 31 décembre 2014 », a souligné sa porte-parole, Ravina Shamdasani.

L’ONU s’engage à soutenir les efforts de la RDC face à l’insécurité par le biais de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO). « Cette attaque ne découragera pas la détermination collective à neutraliser toutes les forces négatives qui continuent à causer douleur et atrocités dans l’est de la RDC », a déclaré Saïd Djinnit, Envoyé spécial de l’ONU pour la région des Grands lacs.