Migrants : Canberra autorise la fermeture du camp de Manus

Bête noire des ONG, le camp de migrants de Manus est une source de tension entre l’Australie et la Papouasie Nouvelle-Guinée. Face à la pression médiatique autour de ce camp, Canberra finit par céder et accepte enfin sa fermeture.

 

Manus : le camp de la honte

Depuis le début de la crise migratoire, l’Australie impose une politique restrictive. Sa ligne est bien claire : aucun migrant entré illégalement dans le pays ne peut s’y installer même si sa demande est considérée comme étant « légitime ». Ainsi, que les migrants aient obtenu ou non le statut de réfugié, ils sont envoyés vers des centres de rétention situés en Papouasie Nouvelle-Guinée.

Malheureusement, la vie est loin d’être joyeuse dans ces centres de rétention. En janvier dernier, Fairfax Media a publié un article qui évoquait plusieurs cas de pendaison et d’automutilation dans le camp de Manus. Derrière ce drame, les ONG dénoncent les conditions de vie déplorables des 800 demandeurs d’asile qui y sont retenus. Originaires de la Syrie, de l’Afghanistan, de l’Irak et du Soudan, ces migrants manquent de tout et vivent dans l’incertitude totale concernant leur avenir ont-elles déploré.

En avril dernier, la Cour Suprême papouasienne a donné raison aux inquiétudes des ONG. Ainsi, une décision de justice sommait Canberra de fermer ce camp jugé « illégal et anticonstitutionnel » dans les brefs délais. Mais sans grande surprise, l’Australie a balayé d’une main cette décision en estimant qu’elle « n’a aucun effet sur la politique australienne de protection des frontières ».

 

Canberra accepte la fermeture de Manus

Depuis, l’Australie est dans le viseur des ONG luttant pour les droits de l’homme. Et la situation s’est empirée depuis la parution d’un article de The Guardian Australian, le mercredi 10 août dernier. En effet, le quotidien australien dénonçait des « traitements inhumains » infligés par les gardes aux migrants dans les centres de rétention de Nauru. Face à de telles preuves, le gouvernement australien a promis l’ouverture d’une enquête mais les ONG restent pessimistes. D’ailleurs, Human Rights Watch et Amnesty International ont toujours accusé Canberra de fermer les yeux sur l’enfer qui se dessine dans ses camps de rétention.

Pour détendre l’atmosphère, l’Australie vient d’accepter la fermeture du camp de Manus ce mercredi 17 août. Ainsi, dans un communiqué, Peter O’Neil, premier ministre australien, a déclaré : « La Papouasie Nouvelle-Guinée et l’Australie sont d’accord sur le fait que le centre doit fermer ». Les deux pays vont donc travailler ensemble pour proposer aux migrants soit une installation en Papouasie soit un retour volontaire vers leurs pays d’origine. Cependant, il n’a pas précisé la date exacte de cette fermeture. Il a tout simplement souligné que « il est important de ne pas se précipiter dans ce processus qui doit être mené de façon soignée ».

Ce qui est sûr, c’est que l’Australie compte maintenir sa politique restrictive envers les migrants. D’ailleurs, « notre position, réaffirmée aujourd’hui à la Papouasie Nouvelle-Guinée, est qu’aucun occupant du Centre du traitement régional de l’île de Manus ne pourra jamais s’installer en Australie » a souligné Peter Dutton, ministre australien de l’immigration.